Qwant est un moteur de recherche français. Lancé en tant que bêta en février 2013, il est, pour la première fois, disponible en version stable depuis le mois de juillet 2013 ; cela fait donc près de six années que ce dernier est présent dans cet univers dominé par les Américains Google et Microsoft.
« Le respect de la vie privée d’abord », c’est la proposition de valeur phare du moteur de recherche multilingue Qwant. Il s’agit là d’une reformulation du slogan de la maison : « le moteur de recherche qui respecte votre vie privée. » C’est là l’un des besoins essentiels des citoyens, d’organisations, d’administrations, bref de tout le monde. D’ailleurs, pour le confirmer, des députés de l’Assemblée nationale française ont décidé, au cours du mois de septembre de l’année dernière, d’abandonner Google comme moteur de recherche en interne au profit de Qwant. Y faisant suite, Florence Parly – à la tête du ministère de la Défense en France depuis 2017 – avait fait une sortie pour annoncer que Qwant sera désormais le moteur de recherche par défaut sur tous les ordinateurs du département dont elle a la charge.
Dans un cas comme dans l’autre, l’idée est de s’affranchir de la collecte des données des internautes à travers les moteurs de recherche en arrêtant de faire usage de ceux qui sont reconnus pour cette pratique. Seulement, les dernières nouvelles à propos des orientations de la start-up française laissent songeur : Qwant va s'appuyer sur Microsoft Azure pour étendre son index du web.
« Le partenariat noué avec Microsoft et annoncé aujourd’hui, permettra à Qwant de proposer aux internautes français, et dans les pays où il est et sera présent, une expérience de recherche sur Internet inédite », lit-on dans la note d’information publiée par la firme de Redmond.
Les utilisateurs doivent-ils s’inquiéter pour leurs données ?
La note d’information publiée par Microsoft stipule que : « Qwant a développé, pour utiliser les technologies Microsoft, une fonctionnalité de confidentialité des recherches des internautes sur Qwant qui garantit la protection de la vie privée des utilisateurs tout en améliorant la qualité des résultats des recherches et de la publicité affichée. Cette fonctionnalité est conforme aux exigences des services de l’administration française chargés de la sécurité informatique. Ce partenariat permet à Qwant d’afficher des publicités en ligne qui ne ciblent ni ne tracent ses utilisateurs. Dans ce cadre, Qwant reste maître de sa technologie, y compris son algorithme, son index et son infrastructure clients, sans collecte de données personnelles, pour mieux sécuriser le respect de la vie privée de ses utilisateurs et la confidentialité de leurs recherches. »
« Microsoft, de son côté, met à la disposition de Qwant, qui a toujours fait le choix d’une infrastructure européenne et en compléments de ses propres technologies, la puissance de calcul additionnelle de son Cloud Azure pour répondre aux besoins croissants du marché européen, les services Microsoft Advertising ainsi que les recherches algorithmiques de Bing, que Qwant utilise quand il ne fournit pas ses propres requêtes », ajoute le firme de Redmond.
Alors, des inquiétudes quant à ce qui concerne la confidentialité des données ? Si l’on s’en tient à la note d’information de Microsoft on serait tenté de dire non. Toutefois, cette dernière fait référence à l’offre sur le nuage de Microsoft. Toute la question ici est celle de savoir si Qwant va passer en 100 % Azure. Si cela venait à être le cas, il faut dire qu’il n’y aurait quasiment pas de solution pour l’anonymisation, la totalité des données étant stockées sur les serveurs d’un tiers. Si Éric Léandri, Président et co-fondateur de Qwant, martèle que même dans le cadre de ce partenariat il garantit la vie privée des utilisateurs, c’est que son équipe a pensé à une espèce d’infrastructure hybride, c’est-à-dire un mix de machines propres à la start-up française et du cloud. Dans ce cas de figure seulement, la puissance de calcul disponible sur Microsoft Azure servirait à accélérer certains traitements du processus d’indexation tandis que l’historique des utilisateurs seraient à l’abri sur les serveurs de la start-up.
Le partenariat qui fait de Qwant une solution plus américaine que française ?
À ses débuts, le moteur de recherche Qwant s'appuyait sur Bing pour pouvoir fournir des résultats plus pertinents. Pour ce qui est de la recherche d’images, la start-up s’est toujours appuyée sur Microsoft. Par ailleurs, Qwant fait usage de Bing Ads (un autre service de Microsoft) pour l’affichage des publicités qui constituent l’une de ses sources de revenus les plus importantes. La collaboration entre l’acteur français et l’Américain ne date donc pas d’hier. Cette annonce apparaît donc comme un renforcement de relations qui, au finish, met Qwant en avant comme une solution beaucoup plus américaine que française. Dans le cadre de l’extension de son index du web, l’entreprise aurait pourtant pu s’appuyer sur un autre acteur français – OVH. Si Eric Leandri a fait le choix de Microsoft l’explication la plus plausible est qu’OVH ne dispose pas des moyens techniques nécessaires pour l’atteinte des objectifs de sa start-up.
Sources : Microsoft
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
En quoi Qwant est-elle une solution française si elle s’appuie sur une société américaine ?
Est-ce que Qwant n'aurait pas du être basé sur une solution française comme OVH qui est aussi spécialisé dans les services de cloud computing ?
Est-il vraiment impossible de sortir du monopole des US sur la tech ?
Voir aussi :
Revirement du gouvernement sur l'amendement visant à éjecter Google comme moteur de recherche par défaut, des élus soupçonnent des pressions de Google
Des députés proposent un amendement pour interdire d'imposer par défaut d'un moteur de recherche comme Google qui vit de la collecte de données
Qwant, le moteur de recherche français, va s'appuyer sur Microsoft Azure pour étendre son index du web
Et dit : « pas d'inquiétude pour vos data »
Qwant, le moteur de recherche français, va s'appuyer sur Microsoft Azure pour étendre son index du web
Et dit : « pas d'inquiétude pour vos data »
Le , par Patrick Ruiz
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