Un nouveau rapport accuse une fois de plus la Chine d'avoir lancé une vaste campagne de désinformation et de harcèlement qui cible les résidents des États-Unis. Il indique que la Chine use de stratagèmes "ignobles" pour diffuser des infox et la propagande du parti communiste chinois (PCC) dans le monde entier, en particulier aux États-Unis. Selon le rapport, il s'agirait de la plus vaste campagne de désinformation jamais lancée et la finalité serait de manipuler et harceler les citoyens américains. Le projet coûterait à la Chine plusieurs milliards de dollars. Mais la Chine réfute ces allégations et accuse les États-Unis d'avoir militarisé l'espace mondial de l'information.
La Chine fait régulièrement l'objet de telles accusations. Il y a quelques mois, Meta, la société mère de Facebook et d'Instagram, a annoncé avoir supprimé des milliers de faux comptes Facebook qui étaient exploités dans le cadre d'une grande opération d’influence secrète multiplateforme. Selon les chercheurs de Meta, ces comptes étaient liés à des personnes associées aux forces de l’ordre chinoises. En outre, Ben Nimmo, responsable mondial des renseignements sur les menaces chez Meta, a déclaré à l'époque que "cette campagne chinoise était la plus grande opération d'influence en ligne que l'entreprise a connue dans le monde à ce jour".
La semaine dernière, un nouveau rapport, publié par CNN, évoque une opération d'influence du même type, mais qui est encore plus élaborée et lancée à une échelle plus grande. Selon le rapport, "le gouvernement américain accuse Pékin de tenter de remodeler l'environnement mondial de l'information par le biais d'un écosystème de l'information dans lequel la propagande et la désinformation (de la République populaire de Chine) gagnent du terrain et deviennent dominantes". Il viserait aussi à réduire au silence les détracteurs de Pékin. Selon le département d'État américain, la Chine dépense des milliards de dollars pour mettre en œuvre cette stratégie.
Les victimes seraient confrontées à un déluge de dizaines de milliers de messages sur les réseaux sociaux qui les traitent de traîtres, de chiens et d'insultes racistes et homophobes. Selon les autorités américaines, cette campagne de harcèlement vise à plonger les victimes dans un état de peur et de paranoïa permanentes. Certaines victimes se seraient adressées aux forces de l'ordre, notamment au FBI, mais rien n'a été fait. Et si les entreprises de technologie et de médias sociaux ont fermé des milliers de comptes de harcèlement, le rapport note qu'elles sont dépassées par une multitude de nouveaux comptes qui apparaissent pratiquement chaque jour.
Ces comptes sont appelés "Spamouflage" ou "Dragonbridge". Selon le rapport, ils auraient harcelé non seulement les Américains qui ont critiqué le PCC, mais auraient également cherché à discréditer les hommes politiques américains, à dénigrer les entreprises américaines en désaccord avec les intérêts de la Chine et à détourner les conversations en ligne dans le monde entier qui pourraient présenter le PCC sous un jour négatif. Selon le Global Engagement Center du département d'État américain, cette campagne inédite de désinformation lancée par la Chine s'étend à toute les grandes plateformes de médias sociaux et l'approche comporte cinq éléments :
On distingue notamment : la propagande et la censure, la promotion de l'autoritarisme numérique, l'exploitation des organisations et des partenariats internationaux, les pressions exercées sur les personnes et les groupes pour qu'ils adhèrent au discours de Pékin et le contrôle des médias en langue chinoise. « En l'absence de contrôle, les efforts de la RPC remodèleront le paysage mondial de l'information, créant des biais et des lacunes qui pourraient même même conduire les nations à prendre des décisions subordonnant leurs intérêts économiques et sécuritaires à ceux de Pékin », indique un rapport publié par le Global Engagement Center en septembre.
Comme souligné plus haut, Meta et d'autres entreprises de médias sociaux ont annoncé avoir fermé des milliers de comptes de ce type, mais l'opération persisterait et prendrait de l'ampleur. En août, Meta a annoncé avoir supprimé près de 8 000 comptes attribués à ce groupe seulement au cours du deuxième trimestre 2023. Google, qui possède YouTube, a déclaré avoir supprimé ces dernières années plus de 100 000 comptes associés à cette campagne de désinformation en provenance de la Chine, tandis que X (anciennement Twitter) a signalé avoir bloqué des centaines de milliers de comptes chinois prétendument soutenus par l'État ou liés à l'État.
Par le passé, le réseau Spamouflage se concentrait principalement sur des questions d'intérêt national pour la Chine. Mais plus récemment, des comptes liés au groupe ont attisé la controverse sur des questions mondiales, notamment sur l'évolution de la situation aux États-Unis. Selon le rapport de Meta, des messages du réseau ont fait référence au fait que "le racisme est une honte indélébile pour la démocratie américaine" et que "les États-Unis ont commis un génocide culturel contre les Indiens. Un autre message aurait allégué que "l'ancienne présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, était criblée de scandales".
De son côté, la Chine a toujours nié les allégations selon lesquelles elle mène des campagnes de désinformation visant les Américains, en se défaussant sur les États-Unis. Dans un mémo datant de 2022 et intitulé "Reality Check: Falsehoods in U.S. Perceptions of China", le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que "la Chine est la principale victime de la désinformation, tandis que les États-Unis sont la principale source de diffusion de la désinformation". Selon le nouveau rapport sur les efforts de Pékin visant à diffuser des infox et sa propagande, les comptes associés à la campagne Spamouflage ont été découverts il y a environ quatre ans.
Interrogé sur les liens que Spamouflage entretiendrait avec les forces de l'ordre chinoises, Liu Pengyu, un porte-parole de l'ambassade de Chine à Washington, a démenti ces allégations. « La Chine respecte toujours la souveraineté des autres pays. Les accusations des États-Unis ne reposent sur aucune preuve factuelle ou base juridique. Elles sont entièrement motivées par des considérations politiques. La Chine s'y oppose fermement », a déclaré Liu. Selon le rapport, le porte-parole de l'ambassade de Chine à Washington a ajouté que "les États-Unis avaient également inventé la militarisation de l'espace mondial de l'information".
Sources : Global Engagement Center (PDF), le département d'État américain, Mandiant
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Selon un nouveau rapport
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Le , par Mathis Lucas
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