Firefox est un navigateur Web libre et open source développé et distribué par la Fondation Mozilla depuis 2003. Firefox a livré une rude concurrence à Internet Explorer de Microsoft grâce à ses modules complémentaires, sa sécurité et sa rapidité. Il a atteint son plus haut niveau de popularité à la fin de l'année 2009, avec plus de 32 % de parts de marché sur le plan mondial. Toutefois, après l'introduction de Google Chrome, la popularité de Firefox a diminué et le navigateur Web de Mozilla a entamé une longue descente aux enfers. Chrome est passé de 1,37 % de parts de marché en janvier 2009 à son propre pic de 66,34 % de parts de marché en septembre 2020.
Toutefois, la part de marché de Chrome est retombée à 62,85 % selon les données de StatCounter pour le mois de novembre 2023. Parallèlement, son rival Firefox a connu un long déclin avec des décisions controversées prises par l'équipe en charge de son développement. StatCounter note que la part de marché de Firefox est de 3,23 % en novembre 2023, contre 20,04 % pour Safari d'Apple, 5,5 % pour Microsoft Edge. Les données montrent également que Firefox est talonné par Opera qui détient une part de marché de 3,17 %. Microsoft Edge et Opera sont tous les deux basés sur le projet Chromium qui est à l'origine de Google Chrome.
Selon une récente analyse publiée par le développeur Bryce Wray, Firefox serait sur le point d'être abandonné par les gouvernements américain et britannique. Wray a expliqué qu'une directive quelque peu obscure destinée aux développeurs de sites Web du gouvernement américain est peut-être sur le point d'accélérer le long et triste déclin de Firefox. Plus précisément, l'U.S. Web Design System (USWDS) fournit un ensemble complet de normes qui guident ceux qui construisent les nombreux sites Web du gouvernement américain. Sa documentation destinée aux développeurs emprunte une "règle des 2 %" à son homologue britannique et se lit comme suit :
« Nous supportons officiellement tout navigateur dont le taux d'utilisation est supérieur à 2 %, comme le montre la page analytics.usa.gov. Actuellement, cela signifie que la version 3.0.0 du système de conception prend en charge les versions les plus récentes de Chrome, Firefox et Safari ». En raison de la dégringolade des parts de marché de Firefox, le navigateur Web de Mozilla pourrait être éjecté de la liste des navigateurs supportés par les sites Web du gouvernement américain d'ici à l'année prochaine, sauf si les chiffres de Firefox s'améliorent soudainement. Mais certains analystes n'y croient pas et il n'y a pas vraiment une raison sérieuse d'y croire.
Wray écrit : « personnellement, je n'ai aucune raison sérieuse de croire que les chiffres de Firefox vont bientôt s'améliorer. Pour le Web dans son ensemble, ils sont en baisse constante depuis des années. Firefox perd rapidement de l'espace sur le Web, grâce à une tempête parfaite qui a été déclenchée par la domination de Chrome, la popularité des appareils mobiles qui utilisent Safari par défaut, et l'insistance de nombreux services informatiques d'entreprises et de gouvernements pour que leurs utilisateurs utilisent uniquement le navigateur Edge de Microsoft, basé sur Chromium, pendant qu'ils travaillent tous les jours ». La situation semble très critique.
Selon Wray, Firefox se rapproche inévitablement du point où l'USWDS le retirera, comme Internet Explorer avant lui, de la liste des navigateurs pris en charge. S'il est possible de penser que cet abandon concerne le gouvernement américain, et probablement le gouvernement britannique également, et que cela n'aura pas un impact sur les autres développeurs, Wray imagine les choses autrement. Voici ci-dessous le scénario qu'il décrit sur les potentielles répercussions de cette décision :
- une fois que Firefox passe sous le seuil des 2 % dans l'analyse des visiteurs du gouvernement, l'USWDS dit aux développeurs Web du gouvernement qu'ils n'ont plus besoin de supporter Firefox ;
- lorsque cette nouvelle est connue, elle se propage rapidement non seulement à la communauté des développeurs frontaux, mais aussi aux services informatiques des entreprises pour lesquelles travaillent certains développeurs Web. De nombreuses entreprises font beaucoup d'affaires avec le gouvernement et, par conséquent, tout ce que le gouvernement fait d'un point de vue informatique va influencer ce que font les entreprises ;
- les entreprises considèrent ce changement comme une opportunité de réduire les coûts de développement et les délais de livraison, dans la mesure où il fournit une excuse pour supprimer certains tests (et, dans de rares cas, un codage spécifique) de leur flux de travail de développement.
« Juste comme ça, en moins de temps qu'il faut pour le dire, Firefox - le navigateur libre et open source qui était censé sauver le monde des bottes d'Internet Explorer (qui avait tué l'ancêtre de Firefox, Netscape Navigator) - a rejoint désormais le rang de la collection de navigateurs qui se situent totalement en bas sur les graphiques montrant les parts de marché des navigateurs. J'espère vraiment me tromper, mais je crains que ce ne soit pas le cas », note Wray. Dans la communauté, certains abondent dans le sens de Wray, tandis que d'autres croient que Firefox a encore de beaux jours devant lui, à condition que sa gestion soit revue dans les moindres détails.
D'après certains commentaires, les chiffres sur les parts de marchés ne sont pas fiables et ne reflètent pas réellement l'état de Firefox de l'adoption de Firefox dans le monde. Mais l'analyse de Wray suggère que ce point n'est pas pertinent. En fait, il n'est pas particulièrement important de savoir si le chiffre est exact ou non dans ce contexte. Le gouvernement américain abandonnera le support de Firefox lorsque ses outils de suivi indiqueront que le navigateur est passé sous le seuil critique défini. Des critiques, qui se présentent comme des employés des contractants du gouvernement américain, affirment qu'ils travaillent de moins en moins avec Firefox.
L'un d'entre eux a écrit : « je travaille dans la technologie pour le gouvernement. Nous ne nous préoccupons déjà pas du tout du support de Firefox en interne et nous ne nous intéressons qu'aux navigateurs basés sur Chromium (en particulier Chrome et Microsoft Edge) et Safari. Il y a des gens qui ne savent même plus ce que c'est que Firefox. On dirait que le temps a tué ce navigateur aussi. Mozilla a dépensé trop de temps et d'argents et d'autres conneries au fil des ans ». Nombreux sont ceux qui rejettent la faute sur la gestion de Mozilla. Ils accusent l'entreprise d'avoir pris au fil des années des décisions qui ont successivement conduit au déclin de Firefox.
« L'équipe de Firefox doit arrêter d'aliéner leurs utilisateurs avec des jeux d'interface et en supprimant des fonctionnalités. Elle doit se concentrer sur l'implémentation et la correction de leur moteur de navigateur pour rendre les choses correctement. L'agent utilisateur et le moteur du navigateur ne devraient tout simplement pas avoir d'importance. Je suis conscient que Chrome est maintenant l'Internet Explorer et que Google prend les normes à la légère. Mais il y a beaucoup de choses que Firefox peut faire pour se rendre plus compatible sans céder comme tout le monde l'a fait. Il serait dommage que Firefox disparaisse », a écrit un critique.
Un autre a souligné : « la seule chose qui arrête Firefox en ce moment, c'est Mozilla lui-même. C'est ridicule. Mozilla rapporte un demi-milliard de dollars par an. S'ils ne peuvent pas construire un navigateur Web largement utilisé pour cet argent, il y a quelque chose qui ne va pas ». Selon un rapport publié l'année dernière, Mozilla tire la majorité de ses revenus de son partenariat avec Google. L'accord entre Google et Mozilla a été renouvelé pour la dernière fois en 2020 et devrait expirer cette année. En février 2022, les propres chiffres de Mozilla révélaient que le nombre d'utilisateurs actifs mensuels de Firefox est resté stable, à environ 215 millions.
Quelques personnes ont commenté la dépendance de Mozilla vis-à-vis de Google pour les revenus et le fait que certains cadres de Mozilla touchent des rémunérations très élevées : « il serait certainement plus facile de raisonner sur la réduction de cette dépendance si leurs dépenses étaient un peu plus transparentes. L'abandon de divers projets comme mesures de réduction des coûts semble étrange dans le contexte de leurs chiffres publiés sur les salaires des cadres ». Un autre critique, qui se présente également comme un développeur de sites Web, a fait l'analyse suivante :
D'après mon expérience, il n'y a presque jamais de problèmes. La normalisation s'est beaucoup améliorée et, en tant que développeur Web, j'apprécie tous les efforts déployés par les équipes des différents navigateurs pour garantir un comportement commun.
En tant que développeur, l'effort fourni pour supporter Firefox consiste essentiellement à ouvrir l'application dans Firefox et à confirmer qu'elle fonctionne, ce qui est toujours le cas parce que l'application est construite sur des fonctionnalités Web standardisées. (D'autres types de support peuvent être différents. Par exemple, vous avez peut-être un document d'aide qui explique à vos utilisateurs comment effacer les cookies du site. Souhaitez-vous également rédiger des instructions pour Firefox, Safari, Opera, etc.)
Le problème le plus important est qu'un jour, Google n'aura peut-être plus besoin des normes Web. Si les développeurs ciblent Chrome plutôt que la plateforme Web, Google a les coudées franches et n'a plus besoin de faire des compromis avec Apple et Mozilla. Par exemple, le veto de Mozilla à l'API controversée "Topics" n'aurait que peu de poids si personne ne se soucie de la prise en charge de Firefox. Si Chrome acquiert une position suffisamment dominante, il pourrait rapidement passer de l'adoption à l'extension.
Les gens ont des opinions différentes sur Google, mais même ceux qui pensent que Google n'a pas de mauvaises intentions se sentent mieux s'il y a des contrôles et des équilibres. Si Firefox devenait obsolète, Apple serait le dernier à rester debout. Et avec le DMA [Digital Market Act], certains prédisent que Safari pourrait bientôt suivre le déclin de Firefox.
La question de l'avenir de Firefox a nourri des débats très animés au cours de ces dernières. Mozilla est pointé du doigt pour sa gestion de Firefox et est critiqué pour d'autres décisions controversées. La Fondation Mozilla accueille cette semaine quatre nouveaux membres au sein de son conseil d'administration et l'on ignore encore comment cette nouvelle équipe dirigeante va orienter le développement de Firefox à l'avenir. Le navigateur semble toutefois dans une phase critique.
Sources : Mozilla, l'USWDS
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Que pensez-vous des allégations qui accusent Mozilla d'être à l'origine du déclin progressif de Firefox ?
Selon vous, quel est le problème de Firefox ? Son moteur de rendu, son interface utilisateur ou autre chose ?
Firefox doit-il adopter le projet Chromium comme l'a fait Microsoft ? Quelles seraient les conséquences si cela arrivait ?
Quelles sont vos prédictions sur l'avenir de Firefox ? Firefox va-t-il redevenir un rival de taille pour Chrome et Safari ?
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