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Google menace de couper l'accès aux informations en Californie en réponse à un projet de loi qui l'obligerait à payer les médias
Le bras de fer entre Google et les éditeurs de presse s'intensifie

Le , par Stéphane le calme

7PARTAGES

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En réponse à une proposition de loi en Californie, Google a menacé de retirer les liens vers les sites d’informations californiens de ses résultats de recherche. Cette mesure est une réaction au projet de loi sur la préservation du journalisme en Californie (California Journalism Preservation Act, CJPA), qui obligerait Google à payer les éditeurs de presse pour les liens vers leurs articles.

Selon Jaffer Zaidi, vice-président des partenariats mondiaux pour les actualités chez Google, cette loi pourrait entraîner des changements significatifs dans les services offerts aux Californiens et dans le trafic dirigé vers les éditeurs californiens :

« Un projet de loi en cours d'examen par la législature californienne, le California Journalism Preservation Act (CJPA), créerait une "taxe sur les liens" qui obligerait Google à payer pour simplement connecter les Californiens à des articles d'actualité. Nous affirmons depuis longtemps qu'il s'agit là d'une approche erronée pour soutenir le journalisme. Si elle est adoptée, la CJPA pourrait entraîner des changements importants dans les services que nous pouvons offrir aux Californiens et dans le trafic que nous pouvons fournir aux éditeurs californiens.

« En aidant les gens à trouver des articles d'actualité, nous aidons les éditeurs de toutes tailles à accroître leur audience, sans frais pour eux. La CJPA mettrait fin à ce modèle. Elle favoriserait les conglomérats médiatiques et les fonds spéculatifs - qui ont fait pression en faveur de ce projet de loi - et pourrait utiliser les fonds de la CJPA pour continuer à racheter des journaux locaux californiens, les dépouiller de leurs journalistes et créer davantage de journaux fantômes fonctionnant avec une équipe réduite et ne produisant qu'un contenu peu coûteux et souvent de piètre qualité. La CJPA désavantagerait également les petits éditeurs et limiterait l'accès des consommateurs à un écosystème médiatique local diversifié ».

Aussi, Google a annoncé qu’il suspendrait les investissements futurs dans l’écosystème des actualités californiennes, ce qui inclut des initiatives telles que Google News Showcase, des programmes de produits et de licences pour les organisations de presse, ainsi que l’initiative Google News :

« Comme nous l'avons dit lorsque d'autres pays ont envisagé des propositions similaires, l'exposition financière non plafonnée créée par la CJPA serait irréalisable. Si elle était adoptée, la CJPA, dans sa forme actuelle, créerait un niveau d'incertitude commerciale qu'aucune entreprise ne pourrait accepter. Pour nous préparer à d'éventuelles implications de la CJPA, nous commençons un test à court terme pour un petit pourcentage d'utilisateurs californiens. Le processus de test consiste à supprimer les liens vers les sites d'information californiens, potentiellement couverts par la CJPA, afin de mesurer l'impact de la législation sur l'expérience de notre produit. Dans l'attente d'une clarification de l'environnement réglementaire californien, nous suspendons également nos investissements dans l'écosystème californien de l'information, y compris les nouveaux partenariats dans le cadre de Google News Showcase, notre programme de produits et de licences pour les organismes de presse, et les extensions prévues de l'initiative Google News ».


Les raisons avancées par Google pour justifier sa décision

« Pour être clair, nous pensons que la CJPA nuit à l'information en Californie. Nous ne prenons pas ces décisions à la légère et voulons être transparents avec les éditeurs californiens, les législateurs et nos utilisateurs. Pour éviter que toutes les parties ne soient perdantes et que l'industrie californienne de l'information ne se retrouve dans une situation plus difficile, nous demandons instamment aux législateurs d'adopter une approche différente.

« Depuis plus de vingt ans, nous apportons un soutien substantiel aux éditeurs de presse pour les aider à s'adapter à l'évolution du paysage numérique et à innover. Nous avons mis en place Google News Showcase, qui fonctionne dans 26 pays, dont les États-Unis, et compte plus de 2 500 publications participantes. Dans le cadre de l'initiative Google News, nous avons conclu des partenariats avec plus de 7 000 éditeurs de presse dans le monde entier, dont 200 organismes de presse et 6 000 journalistes rien qu'en Californie.

« Ces investissements dans l'écosystème de l'information visent à aider les journalistes et les éditeurs de presse à évoluer en réponse aux changements rapides dans la manière dont les gens recherchent et consomment l'information. Il est bien connu que les gens s'informent à partir de sources telles que les vidéos courtes, les bulletins d'information thématiques, les médias sociaux et les podcasts, et que beaucoup évitent complètement les informations. Conformément à ces tendances, à peine 2 % des requêtes sur Google Search sont liées à l'actualité. Néanmoins, nous voulons continuer à apporter des contributions ciblées à l'écosystème de l'information afin d'aider les éditeurs de presse à franchir ce point d'inflexion. La loi CJPA, dans sa forme actuelle, mettrait fin à ces investissements ».


Mais un rapport de l'Electronic Frontier Foundation note que la moitié de chaque dollar de publicité est absorbée par les frais

Le conflit porte sur l'impact de Google sur le journalisme. À l'heure actuelle, Google (ainsi que Meta) reçoit une part bien plus importante de la publicité en ligne que les éditeurs. Un rapport de l'Electronic Frontier Foundation note que la moitié de chaque dollar de publicité est absorbée par les frais, tandis que les abonnements sont soumis aux taxes des magasins d'applications :

Citation Envoyé par EFF
La consolidation induite par la finance a dépassé le cadre de l'industrie des médias. Les entreprises que nous appelons "Big Tech" - Google, Apple, Microsoft, Meta, etc. - ont atteint leur taille et leur portée principalement en rachetant leurs concurrents potentiels, et non en inventant de nouvelles technologies si étonnantes qu'elles ont battu la concurrence.

C'est le cas de Facebook, dont le fondateur, Mark Zuckerberg, a franchement déclaré à ses cadres : "Il vaut mieux acheter que faire concurrence", avant d'acheter Instagram et WhatsApp, parmi des dizaines d'autres entreprises. Apple achète des entreprises plus souvent que la plupart d'entre nous n'achètent des produits d'épicerie

Google est une entreprise qui avait une véritable innovation - un moteur de recherche de premier ordre - et qui a ensuite utilisé son accès aux marchés financiers pour acheter une société de partage de vidéos, une société de système d'exploitation mobile, de très nombreuses sociétés de technologie publicitaire, une société de cartographie, une société de partage de documents, etc. Notamment, les produits internes de Google ont été une suite presque ininterrompue d'échecs, les principales exceptions étant une copie de Hotmail de Microsoft et un navigateur basé sur l'ancien moteur de navigation d'Apple.

Et puis il y a Microsoft, un monopoliste reconnu qui a une longue, très longue liste d'acquisitions, une liste qui s'allonge de jour en jour.

Ces entreprises ont transformé le net en "cinq sites web géants remplis de captures d'écran des quatre autres", remplaçant le rêve de la "désintermédiation" par une nouvelle oligarchie de gardiens. Ensemble, ces entreprises ont truqué le marché de la publicité, le marché des applications et le marché des médias sociaux. Le résultat est un système qui ne plaît à personne, sauf aux actionnaires des monopoles technologiques.

Les publicités coûtent plus cher et les entreprises de médias sont moins bien payées. La moitié de chaque dollar publicitaire est engloutie par les intermédiaires technologiques. Bien sûr, les entreprises de médias peuvent passer à un modèle d'abonnement et remettre 30 cents sur chaque dollar en "taxes sur les boutiques d'applications" prélevées par le duopole de la téléphonie mobile. Les entreprises de médias peuvent essayer de s'adresser directement à leurs lecteurs sur les médias sociaux, mais le seul moyen d'atteindre vos abonnés sur les grandes plateformes est de payer pour "booster" vos posts, sinon ils seront cachés aux utilisateurs qui ont explicitement demandé à les voir

Les partisans du projet de loi californien affirment que celui-ci donne aux éditeurs les moyens de rendre le partage des bénéfices plus équitable. Google fait valoir qu'il génère déjà du trafic vers les éditeurs et que ce type de législation favorise les conglomérats médiatiques, au risque d'affaiblir encore davantage les journaux locaux.

Pour compliquer les choses, il est difficile de chiffrer les revenus que Google tire de l'information. Techniquement, il n'héberge pas de publicités sur Google News, mais les entreprises de médias affirment que les liens vers les contenus d'actualité profitent plus largement à la plateforme. Une étude réalisée en 2023 estime que Google devrait aux éditeurs américains entre 10 et 12 milliards de dollars par an si la loi sur la concurrence et la préservation du journalisme (Journalism Competition and Preservation Act ), un projet de loi national, entrait en vigueur.


Conclusion

Ce n'est pas la première fois que Google s'oppose aux tentatives des législateurs de l'obliger à payer les médias pour les informations. En 2014, l'entreprise s'est retirée d'Espagne après l'adoption d'une mesure similaire, avant de revenir en 2022 après huit ans d'absence. L'entreprise a également menacé de se retirer complètement d'Australie en 2020 lorsque le pays a introduit le Code de négociation des médias d'information. Finalement, Google a cédé et a conclu un accord avec plusieurs éditeurs australiens. Le succès de l'Australie a incité d'autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande à adopter une législation similaire.

La proposition de loi californienne est actuellement en cours de considération et pourrait avoir des implications importantes pour l’avenir du journalisme et de l’accès aux informations en ligne.

Sources : Google, EFF, Paying for News: What Google and Meta Owe US Publishers

Et vous ?

Pensez-vous que les géants technologiques comme Google devraient payer les éditeurs de presse pour les contenus d’actualités qu’ils partagent ?
Si elle venait à être appliquée dans votre pays, quel impact la suppression des liens vers les sites d’informations par Google aurait-elle sur votre consommation quotidienne d’informations ?
Comment la proposition de loi sur la préservation du journalisme pourrait-elle changer l’équilibre entre les revenus publicitaires des plateformes en ligne et ceux des éditeurs de presse ?
Les initiatives telles que Google News Showcase sont-elles suffisantes pour soutenir le journalisme, ou faut-il aller plus loin ?
Quelles pourraient être les conséquences à long terme pour les petits éditeurs et les journaux locaux si cette loi est adoptée ?
La législation proposée favorise-t-elle réellement les grands conglomérats médiatiques, ou peut-elle bénéficier aux médias locaux ?
Quelles alternatives suggérez-vous pour assurer la viabilité financière du journalisme à l’ère numérique ?

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Avatar de RenarddeFeu
Membre averti https://www.developpez.com
Le 15/04/2024 à 8:10
Pour faire écho à l'actualité récente, cette nouvelle me fait penser aux manifestations d'agriculteurs qui ne demandent non pas à ce qu'on revoit les traités de libre échange, mais le droit de polluer autant que les autres.

Là c'est pareil, la presse californienne demande sa part du gâteau sans questionner une seule seconde l'hégémonie des GAFAM.
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Avatar de walfrat
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 15/04/2024 à 13:59
Citation Envoyé par RenarddeFeu Voir le message
Pour faire écho à l'actualité récente, cette nouvelle me fait penser aux manifestations d'agriculteurs qui ne demandent non pas à ce qu'on revoit les traités de libre échange, mais le droit de polluer autant que les autres.

Là c'est pareil, la presse californienne demande sa part du gâteau sans questionner une seule seconde l'hégémonie des GAFAM.
Ils demandant plutôt à ce que ce soit plus équilibré : soit je peux polluer autant qu'eux, soit ils prennent genre une taxe dans la tronche pour rééquilibrer la concurrence.
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Avatar de Jules34
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 15/04/2024 à 9:01
En même temps google doit très mal le prendre, la Californie c'est un peu chez eux, le paradis du monde mondialisé, technoféodal comme on l'a vu dans l'article sur Varoufakis la semaine dernière.

Ca me rappelle la chanson des red hot chili peppers des débuts 2000 :
Psychic spies from China try to steal your mind's elation
And little girls from Sweden dream of silver screen quotation
And if you want these kind of dreams it's Californication

It's the edge of the world and all of Western civilization
The sun may rise in the East, at least it settled in a final location
It's understood that Hollywood sells Californication
Pay your surgeon very well to break the spell of aging

Celebrity skin, is this your chin, or is that war you're waging?
First born unicorn
Hardcore soft porn

Dream of Californication
Ils décident de ce qui se vend ou non, ils ne payent personne, les journaux devraient même leur dire merci que google leur donne de la visibilité et qu'ils ne les excluent pas de leur plateforme :
Amazon, Facebook, etc. sont en dehors du marché. Quand vous y entrez, vous laissez le capitalisme derrière vous. Au sein de ces plateformes, un seul algorithme (appartenant à une ou à très peu de personnes) décide ce qui est à vendre, qui voit quelle marchandise, et la quantité de rente gardée par le propriétaire de la plateforme par rapport aux profits faits par les capitalistes vassaux qui ont le droit d’y opérer. Bref, de plus en plus, l’activité économique se déplace des marchés vers des fiefs numériques.

Pour résumer, le capital se renforce, mais le capitalisme agonise. Un nouveau système prend sa place dans lequel une nouvelle classe dirigeante possède et gère à la fois l’argent de l’État qui la lubrifie (plutôt que les profits), et les nouveaux domaines non marchands, où une minorité minuscule fait travailler pour son propre bénéfice la vaste majorité. Les profits capitalistes (au sens des profits d’entrepreneur compris par Adam Smith et par Marx) disparaissent, alors que de nouvelles formes de rente s’accumulent dans les comptes des techno-seigneurs contrôlant et l’État et les fiefs numériques, dans lesquels du travail non payé ou précaire est effectué par les masses, qui commencent à ressembler aux techno-paysans.
Et ils appellent ça le libre marché

Dream of californicatioooon
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Avatar de Jon Shannow
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 15/04/2024 à 15:31
Citation Envoyé par walfrat Voir le message
Ils demandant plutôt à ce que ce soit plus équilibré : soit je peux polluer autant qu'eux, soit ils prennent genre une taxe dans la tronche pour rééquilibrer la concurrence.
Heu ! En fait, non. Une petite explication en dessin. Ne pas oublier que les agriculteurs sont manipulés par la FNSEA qui est pour Macron.
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Avatar de JP CASSOU
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 11/06/2024 à 14:09
C'est aux organes de presse de payer pour leur référencement, pas l'inverse.

Pour la bonne et simple raison que la majorité des liens vers les articles aboutit à un paywall
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Avatar de weed
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 11/06/2024 à 21:24
Citation Envoyé par Jon Shannow Voir le message
Heu ! En fait, non. Une petite explication en dessin. Ne pas oublier que les agriculteurs sont manipulés par la FNSEA qui est pour Macron.
Les conséquences ne sont-elles pas les mêmes pour l'agriculteur français ?
L'agriculteur français ne souhaitent pas une concurrence déloyale comme par exemple ou en Espagne, en Ukraine ou l'utilisation des produits phythosanitaires sont openbar permettant de réduire dratiquement le cout de production.

L'agriculteur français souhaite
- soit option 1 : de pouvoir utiliser des porduits phytho comme les Espagnols, les Ukrainiens pour baisser ses couts de déserbages, protéger de maladie avec des fongicides, ...
- soit option 2 : qu'il y a ait un véritable contrôle des produits sur toute l'Europe, que l'on importe uniquement les protuis sains dépourvus de produits interdits et qu'ainsi personne n'en utilisent

Bien entendu, l'option 2 serait la meilleur option.

Citation Envoyé par Jon Shannow Voir le message
Pour la bonne et simple raison que la majorité des liens vers les articles aboutit à un paywall
La news ne parlent t-elle pas du contenu des journaux préchargés dans Google alors que Google n'a produit.
Les gens non abonnés ne vont plus alors sur le site de l'éditeur.
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Avatar de Minato Sensei
Membre habitué https://www.developpez.com
Le 07/10/2024 à 12:18
Pourquoi ne suis-je pas surpris ?
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Avatar de floyer
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 07/10/2024 à 13:30
J’ai l’impression que l’indexation profite autant à Google (dont dont les recherches sont plus pertinentes) qu’à la presse (où Google envoie des visiteurs). Difficile dans ces conditions de définir une juste rémunération.

D’ailleurs, les journaux qui souhaitent ne pas être indexé peuvent créer un fichier robots.txt avec un Disallow: / (Le Monde utilise cette directive pour certains user-agent, mais pas tous… et au contraire facilite l’indexation avec un fichier Sitemap)

PS : dans le rapport que m’envoie Google sur un de mes sites, j’ai :

Indexée malgré le blocage par le fichier robots.txt

Curieux non ? Effectivement, robots limite le crawling, mais une page peut être indexée par un autre biais.
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Avatar de JP CASSOU
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 15/04/2024 à 11:16
C'est aux organes de presse de payer pour figurer dans les résultats de recherche, pas l'inverse

Les premières pages de recherche de Google sur un sujet donné sont des liens vers des sites commerciaux puis de presse. La plupart de ces liens aboutit sur un paywall non signalé.

La presse appartient à des milliardaires.
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