Alors que beaucoup affirment que le développement d'un nouveau navigateur web à partir de zéro est un objectif impossible à atteindre, les fondateurs de l'initiative sont convaincus qu'ils peuvent y parvenir. Qui plus est, ils sont convaincus qu'ils peuvent le faire sans avoir recours à des financements provenant d'entreprises ou de recettes publicitaires.
Alors que beaucoup affirment que le développement d'un nouveau navigateur web à partir de zéro est un objectif impossible à atteindre, les fondateurs de l'initiative sont convaincus qu'ils peuvent y parvenir. Qui plus est, ils sont convaincus qu'ils peuvent le faire sans avoir recours à des financements provenant d'entreprises ou de recettes publicitaires. L'un de leurs objectifs est de disposer d'une version alpha entièrement fonctionnelle du navigateur Ladybird en 2026.
« Aujourd'hui, tous les principaux moteurs de navigation sont open source, ce qui est formidable, mais il reste un problème : ils sont tous financés par l'empire publicitaire de Google. Chrome, Edge, Brave, Arc et Opera utilisent tous Chromium de Google. Apple reçoit des milliards pour faire de Google le moteur de recherche par défaut dans Safari, et Firefox bénéficie d'un accord similaire qui lui permet de recevoir des centaines de millions chaque année. Le monde a besoin d'un navigateur qui place les gens au premier plan, qui contribue aux normes ouvertes en utilisant un tout nouveau moteur, et qui est libre de l'influence de la publicité », écrivent les porteurs du projet.
« Contrairement aux modèles commerciaux traditionnels qui reposent sur la monétisation de l'utilisateur, Ladybird est entièrement financée par des parrainages et des dons d'entreprises et d'individus qui se soucient du web ouvert. Notre organisation à but non lucratif ne cherchera pas à conclure des accords avec des entreprises ou à obtenir des revenus en dehors des dons sans restriction. Le logiciel et son code source seront disponibles gratuitement et pour toujours », ajoutent-ils.
Cela signifie que Ladybird ne conclura pas d'accords avec des entreprises pour des moteurs de recherche par défaut. Ni de campagnes de marketing pour d'autres entreprises. Cela signifie que, s'il s'en tient à ses principes, Ladybird a de réelles chances de devenir un navigateur web véritablement indépendant... qu'aucune entreprise ne pourra contrôler.
En fait, l'initiative du navigateur Ladybird a même une politique qui interdit spécifiquement aux entreprises donatrices d'acheter des sièges au conseil d'administration : « Tous les parrainages se font sous la forme de dons sans restriction. Les sièges au conseil d'administration et les autres formes d'influence ne sont pas à vendre. »
Ladybird est écrit en C++ et placé sous une licence BSD à deux clauses. Il a été lancé dans le cadre du projet SerenityOS, mais le développeur Andreas Kling a annoncé au début du mois en cours qu'il faisait de Ladybird une initiative distincte et qu'il s'éloignait de SerenityOS pour se consacrer en entier au navigateur.
Les fonctionnalités actuelles sont, sans surprise, minimales. Ladybird dispose d'une barre de recherche, d'une fonction de rechargement, d'onglets, d'une fonction de zoom avant/arrière sur le contenu, d'une fonction de capture d'écran et d'une fonction de navigation vers l'avant et vers l'arrière. En revanche, il ne dispose pas de signets, d'affichage de l'historique, d'extensions, de gestion des mots de passe, d'impression, ni même de la possibilité d'enregistrer une image. WebRTC ne semble pas encore être pris en charge. La prise en charge des feuilles de style CSS semble relativement robuste.
D'un autre côté, Ladybird dispose d'outils pour les développeurs, tels que des inspecteurs pour l'arbre du modèle objet du document (DOM) et les arbres d'accessibilité, ainsi que la possibilité de créer des vidages de divers éléments : l'arbre DOM et l'arbre de mise en page, et les styles calculés.
Les développements en cours ravivent les débats autour des questions de diversité et de compatibilité dans la sphère du développement web. En pratique, le nombre de moteurs de rendu de navigateur est faible. Il existe trois moteurs de rendu principaux : Blink (Google Chrome, Microsoft Edge), Webkit (Apple Safari) et Gecko (Mozilla Firefox). Il en existe quelques autres (dont celui de Ladybird vient allonger la liste), mais aucun ne détient une part de marché significative. Et parmi les trois principaux, Blink se taille la part du loin, soit plus de 70 % de part de marché, selon les estimations.
Le danger avec une telle domination est de voir une seule entreprise définir les normes du Web. Le fait d'avoir de la concurrence dans la filière peut ralentir le développement des fonctionnalités Web, mais ce manque de vitesse agit comme un contrôle et un équilibre pour s'assurer que seules les fonctionnalités bonnes, sûres et bien pensées sont diffusées. Ainsi une seule entité, c'est-à-dire une seule équipe ou même un seul dirigeant, ne se retrouve pas au contrôle du web.
Microsoft a avancé un argument en faveur de la compatibilité du web lors de son adoption du projet open source Chromium pour le développement du navigateur Microsoft Edge sur desktop. L'objectif de la manoeuvre, selon l’entreprise, est de créer une meilleure compatibilité Web pour ses utilisateurs et une fragmentation moindre du Web pour tous les développeurs Web. « Notre intention est d'aligner la plateforme Web Microsoft Edge à la fois sur les normes Web et sur les autres navigateurs basés sur Chromium ». Ajoutant que « cela apportera une compatibilité améliorée pour tous et créera une matrice de test plus simple pour les développeurs Web. » Cela pourrait également régler un gros problème avec Microsoft Edge, à savoir le fait que certains sites Web ne fonctionnent pas correctement dans le navigateur.
Sources : Annonce par Chris Wansrath, Ladybird
Et vous ?
Quelles sont les attentes que vous formulez pour des projets à l’état d’enfance comme celui du navigateur Ladybird ?
Pour quelle raison Firefox a-t-il échoué à s’imposer face à Google Chrome ? Quelles sont les orientations sur lesquelles Ladybird doit capitaliser pour éviter un destin similaire à celui de Firefox ?
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