
Les lacunes de Bluesky en matière de vérification des comptes
Le squattage des médias sociaux (username squatting) se produit lorsqu'un tiers crée un nom d'utilisateur sur les médias sociaux qui est identique ou similaire au point de prêter à confusion avec la marque de produits ou de services d'un propriétaire de marque et utilise ensuite ce compte sur les médias sociaux avec de mauvaises intentions. Il peut également s'agir de l'utilisation du nom d'une personne, en particulier d'une personne influente ou célèbre.
Les risques vont de l'usurpation complète de l'identité d'une marque, à la détention passive d'un compte dans l'espoir d'obtenir de l'argent de la part du propriétaire de la marque, en passant par le fait de se faire passer pour la personne en question. Le squattage des médias sociaux peut engendrer une série de problèmes pour les propriétaires de marques, notamment la confusion des consommateurs, un contrôle réduit de la qualité des biens et des services...
L'équipe Bluesky Safety a déclaré le 29 novembre 2024 que la plateforme a mis à jour sa politique d'usurpation d'identité pour être « plus agressive », ajoutant que « les comptes d'usurpation d'identité et de squattage de nom d'utilisateur seront supprimés ». La société a ajouté qu'elle devrait être en mesure d'agir plus rapidement sur les rapports d'usurpation d'identité parce qu'elle a quadruplé la taille de son équipe de modération en raison de sa croissance.
Bluesky ne dispose pas (encore) d'un système de vérification conventionnel comme ces rivaux X (ex-Twitter) et Threads. Ainsi, il est facile pour des utilisateurs peu scrupuleux de se faire passer pour quelqu'un d'autre sur la plateforme de médias sociaux, soit pour attirer l'attention, soit pour escroquer d'autres utilisateurs. Ce n'était peut-être pas un problème grave dans le passé, mais le récent afflux massif de nouveaux membres a mis le problème en évidence.
Bluesky dispose d'un processus d'autovérification controversé
Les utilisateurs peuvent vérifier leur identité sur Bluesky en liant leur compte à un nom de domaine. Cependant, le processus n'est pas aussi simple que de payer pour une coche de vérification. Les utilisateurs doivent ajouter une chaîne de texte à l'enregistrement DNS associé à leur domaine pour pouvoir revendiquer leur URL. Par exemple, vous pourriez revendiquer le nom de domaine exemple.com sur Bluesky si vous passiez par ce processus d'autovérification.
Les particuliers peuvent lier leurs comptes à des domaines personnels ou payer pour le service de domaine personnalisé de Bluesky. (Dans sa nouvelle annonce, Bluesky a indiqué qu'il travaille avec des organisations et des personnes de premier plan pour mettre en place leurs identifiants vérifiés.) Cela dit, lorsqu'un utilisateur vérifie son compte, son ancien nom de domaine est libéré et devient disponible pour d'autres personnes qui s'inscrivent sur Bluesky.
Alexios Mantzarlis, de Cornell Tech, qui a analysé la base d'utilisateurs de l'application, a découvert que 44 % des 100 comptes les plus suivis de Bluesky ont un sosie. C'est pourquoi Bluesky exige désormais que les comptes de fans, parodiques ou satiriques s'identifient comme tels à la fois dans leur pseudo et dans leur bio. S'ils n'indiquent la nature de leur compte que dans l'un de ces éléments, ils seront traités comme des imitateurs et bannis de la plateforme.
Bluesky interdit désormais explicitement le changement d'identité. Les comptes qui commencent en tant qu'usurpateurs dans le but de gagner de nouveaux utilisateurs, et qui changent ensuite d'identité pour tenter de contourner l'interdiction, seront toujours exclus de l'application. Enfin, l'entreprise indique qu'elle étudie des « options supplémentaires pour améliorer la vérification des comptes », bien qu'elles ne soient pas encore prêtes à être déployées.
Jay Graber, PDG de Bluesky, a déclaré que l'entreprise pourrait faire plus de travail pour vérifier les comptes tout en permettant à d'autres applications ou organisations de fournir leur propre vérification : « ils peuvent choisir de nous faire confiance, la vérification de l'équipe Bluesky, ou ils peuvent faire la leur ».
L'équipe Bluesky Safety a ajouté : « nous entendons également vos commentaires. Les utilisateurs veulent plus de moyens de vérifier leur identité au-delà de la vérification du domaine. Nous explorons d'autres options pour améliorer la vérification des comptes, et nous espérons pouvoir vous en dire plus prochainement ».
Des lacunes en matière de conformité avec la loi sur les services numériques
Bluesky a des difficultés à se conformer à la loi sur les services numériques (Digital Services Act - DMA) de l'Union européenne. Selon un rapport de Bloomberg, la Commission européenne a déclaré que Bluesky n'a pas fourni les informations qu'il est tenu de partager en vertu du DSA. Bluesky a répondu qu'il s'efforce de se mettre en conformité. L'entreprise consulte son avocat pour se conformer aux règles de l'UE en matière de divulgation d'informations.
« Toutes les plateformes opérant dans l'UE doivent disposer d'une page dédiée sur leur site Web où sont indiqués le nombre d'utilisateurs qu'elles ont dans l'UE et le lieu où elles sont légalement établies. Ce n'est pas le cas de Bluesky, donc cette règle n'est pas respectée », a déclaré Thomas Regnier, un porte-parole de la Commission. Les plateformes comptant plus de 45 millions d'utilisateurs dans l'UE sont considérées comme de « très grandes plateformes en ligne ».
Elles doivent respecter des règles plus strictes en matière de modération des contenus, sous la supervision de la Commission. Les infractions peuvent donner lieu à des amendes allant jusqu'à 6 % de leur chiffre d'affaires annuel global. L'UE mène des actions très médiatisées contre les réseaux sociaux X, TikTok et Meta, ainsi que contre les services de commerce électronique AliExpress et Temu.
Les petites plateformes sont toujours tenues de se conformer à la loi, mais elles sont réglementées par le pays de l'UE dans lequel elles ont une présence légale. La situation n'est pas encore claire dans le cas de Bluesky. « La Commission a demandé aux autorités nationales des États membres de l'UE d'enquêter et de voir si elles peuvent trouver une trace de Bluesky » dans leur juridiction, a déclaré Thomas Regnier.
Bluesky accentue la concurrence avec son rival Threads
Selon Similarweb, Threads a commencé le mois de novembre avec 5 fois plus d'utilisateurs quotidiens que Bluesky. Ce chiffre n'est plus que de 1,5. Bluesky est en train de combler l'écart avec Threads à une vitesse fulgurante, l'application Bluesky comptant désormais 3,5 millions d'utilisateurs actifs quotidiens. Ce changement de dynamique a été impressionnant, en particulier dans le sillage de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024.
Selon un graphique du Financial Times, Bluesky compte désormais plus d'utilisateurs actifs de son site Web que Threads aux États-Unis. Pourquoi Bluesky et pas Threads ? La décision du PDG de Meta, Mark Zuckerberg, de modérer le contenu politique sur Threads semble avoir rebuté les utilisateurs à la recherche d'un discours public dynamique. Les critiques y voient une tentative de rester dans les bonnes grâces du président élu Donald Trump.
Cette attitude contraste avec celle de X, qui, sous la direction d'Elon Musk, a réduit la modération du contenu pour permettre la prolifération d'un contenu plus libre. Meta a également mis en place récemment la...
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