
Firefox poursuit sa longue descente aux enfers. Le navigateur peine à conserver ses utilisateurs et est descendu à une part de marché inquiétante de 2,39 %. Beaucoup sont sceptiques quant à sa survie. Les erreurs stratégiques de Mozilla et la baisse des performances techniques de Firefox sont la preuve d'un déclin terminal. Mozilla a ajouté pour la première fois des conditions d'utilisation pour Firefox et a mis à jour sa politique de confidentialité pour le pire, provoquant un tollé. Il a été accusé d'ouvrir la voie à l'exploitation des données de navigation. Enfin, Mozilla veut passer de Firefox à l'IA open source et à des publicités « respectueuses » de la vie privée.
Firefox est un navigateur Web libre et open source développé et distribué par la Fondation Mozilla depuis 2003. Firefox a livré une rude concurrence à Internet Explorer de Microsoft grâce à ses modules complémentaires, sa sécurité et sa rapidité. Il a atteint son plus haut niveau de popularité à la fin de l'année 2009, avec plus de 32 % de parts de marché sur le plan mondial. Mais il a entamé une descente aux enfers depuis l'introduction de Google Chrome.
Firefox n'est pas encore mort. Mais même les derniers utilisateurs du navigateur libre et open source, qui sont des professionnels ou passionnés de la technologie, pensent qu'il finira par mourir. Il perd des parts de marché chaque année et de plus en plus d'utilisateurs s'en détournent pour diverses raisons. Firefox est en retard sur ses rivaux et les utilisateurs déplorent la lenteur dans la prise en charge ou l'absence de nombreuses extensions et fonctionnalités.
« Je pense que dans un avenir proche, il n'existera plus en tant que navigateur. Ils conserveront probablement le service Mozilla VPN et tous les autres projets qui ont un sens et qui génèrent des revenus. Dans le meilleur des cas, ils pourraient conserver leur part de marché minimale et devenir un produit de niche pour des publics spécifiques (les amateurs de protection de la vie privée en ligne, les utilisateurs de Linux, etc.) », lit-on dans les commentaires.
Alors que Firefox est en déclin, Mozilla ne parvient pas à proposer de nouvelles fonctionnalités qui pourraient aider à redresser la barre. Au lieu de cela, Mozilla cherche à atteindre de nouveaux utilisateurs par le biais de campagnes marketing, une approche largement critiquée dans la communauté.
Dans le même temps, les rémunérations de certains cadres et membres de la direction de Mozilla sont nettement élevées, ce qui a provoqué un scandale. Par exemple, Chris Beard, qui était PDG de Mozilla jusqu'en 2020, a gagné environ 3,2 millions de dollars en 2019. L'ex-PDG Mitchell Baker a touché une rémunération de 6 903 089 $ pour l'exercice 2022. Cela représente une augmentation de 1,3 million de dollars par rapport à sa rémunération de l'année 2021.
La baisse des performances techniques de Firefox au fil des ans
La disparition de Firefox renforcerait la domination de Chrome et réduirait l'importance des navigateurs axés sur la protection de la vie privée. Les utilisateurs dénoncent le laxisme avec lequel Mozilla traite la question. Pour certains, Mozilla rend son navigateur phare de moins en moins attrayant en supprimant des services et fonctionnalités utiles aux utilisateurs, tels que Pocket. Mozilla a annoncé qu'il arrêtera le service populaire Pocket le 8 juillet 2025.
Pocket est un programme utile dont beaucoup se servent pour garder à portée de main le contenu Web « à lire plus tard ». Mozilla affirme qu'il le supprime parce que « les façons dont les gens utilisent le Web ont évolué ». « Nous canalisons donc nos ressources vers des projets qui correspondent mieux à leurs habitudes de navigation et à leurs besoins en ligne », a ajouté l'entreprise. Mais de nombreux utilisateurs de Firefox ont critiqué cette décision.
Un utilisateur de Reddit a déclaré : « je suis en deuil. J'utilisais cet outil presque tous les jours et j'aimais l'intégration de Kobo qui me permettait de lire des articles sauvegardés sans distraction sur mes appareils Kobo e-ink. C'est la fin d'une époque ». Mozilla retire également Fakespot, un autre populaire.
Fakespot est un outil de Firefox qui vous permet de déterminer si un avis en ligne est réel. « Étant donné que les fausses critiques apparaissent plus que jamais, grâce à l'IA, j'aurais pensé qu'il s'agissait d'un excellent programme à conserver », note un critique. Quant à Firefox lui-même, les utilisateurs dénoncent un produit à l'abandon. Ils signalent un nombre croissant de problèmes techniques qui ont érodé au fil des ans la réputation de fiabilité du navigateur.
De nombreux utilisateurs signalent que davantage de sites Web grand public - tels qu'Instagram, Salesforce, LinkedIn et WhatsApp Web - ne se chargent pas ou fonctionnent mal dans les versions récentes de Firefox. En particulier, Firefox semble avoir plus de mal que jamais à rendre les sites Web à forte teneur en JavaScript. Pourtant, qu'on le veuille ou non, de nombreux sites populaires vivent et meurent avec JavaScript de nos jours.
Linux : Firefox est également décrié dans son bastion traditionnel
Les utilisateurs de Firefox ont constaté que le navigateur est plus lent que ses concurrents comme Chrome. Certains rapportent que le navigateur est jusqu'à 30 % plus lent. Des problèmes tels qu'une utilisation élevée de la mémoire vive (2 à 4 Go avec un seul onglet ouvert), des blocages fréquents lors de la restauration à partir d'un état minimisé, et des plantages inexpliqués sont devenus des plaintes courantes, même sur du matériel haut de gamme.
En ce qui concerne Linux, qui est traditionnellement un bastion de Firefox, la gestion par Mozilla des paquets Snap et Flatpak a été de second ordre. En particulier, la version Snap de Firefox est décrite comme particulièrement lente et boguée, bien que Mozilla ne soit pas le seul responsable du problème.
Mozilla licencie également de plus en plus d'employés. La dernière réduction a eu lieu en mai 2025, lorsque l'entreprise s'est séparée de 5 % de son personnel. Selon Glassdoor, seuls 17 % des employés de Mozilla approuvent la PDG Laura Chambers. Il convient également de noter que le directeur financier de Mozilla, Eric Muhlheim, a récemment admis que Mozilla dépend de Google pour 90 % de ses revenus. Ce qui met en péril l'avenir du navigateur.
La survie du navigateur est indirectement menacée par le procès antitrust contre Google. Le géant de la recherche en ligne verse jusqu'à 400 millions de dollars par an à Mozilla pour être le moteur de recherche par défaut dans Firefox. Ainsi, si le département américain de la Justice (DOJ) parvient à mettre un terme aux accords d'exclusivité, Firefox pourrait bien disparaître. Le navigateur entamerait une spirale descendante qui pourrait mettre Firefox en faillite.
À ce propos, le directeur financier Eric Muhlheim a déclaré le mois dernier : « sans le contrat avec Google, nous devrions réduire considérablement nos effectifs et cesser de développer Firefox. Cela entraînerait une spirale descendante qui mettrait en péril l'existence même de notre moteur de rendu Gecko ».
De nouvelles conditions d'utilisation qui dérangent les utilisateurs
En février 2025, Mozilla a annoncé la mise en place de conditions d'utilisation pour Firefox, accompagnées d'une mise à jour de sa politique de confidentialité. Selon la fondation, cette initiative vise à clarifier les engagements de Mozilla envers ses utilisateurs dans un paysage technologique en constante évolution. Mais cette démarche soulève des inquiétudes quant à son alignement avec les pratiques de la concurrence directe, notamment Google Chrome.
Alors que le navigateur phare de Google est largement critiqué pour sa collecte intensive de données à des fins publicitaires, Firefox s'est historiquement positionné comme le champion de la confidentialité des utilisateurs. Par conséquent, l'introduction de nouvelles conditions d'utilisation par Mozilla a été perçue comme un pas vers une complexité juridique similaire à celle de ses concurrents, ce qui pourrait déstabiliser les utilisateurs fidèles de Firefox.
Jusqu'à présent, Firefox se distinguait par une approche transparente et simple vis-à-vis de ses utilisateurs, évitant les longs textes juridiques et les clauses ambiguës que l'on retrouve chez les concurrents Chrome, Safari, et bien d'autres encore. Or, Mozilla a annoncé que les utilisateurs de Firefox devront désormais accepter les nouvelles conditions d'utilisation pour continuer à utiliser le navigateur. D'un point de vue légal, cette évolution peut sembler anodine.
Mais dans un contexte où la confiance numérique est un enjeu majeur, forcer les utilisateurs à adhérer à un document juridique aussi tard dans l'histoire de Firefox crée une dissonance avec la philosophie initiale du projet. De plus, l'obligation pour les nouveaux utilisateurs d'accepter ces conditions dès mars 2025, et pour les utilisateurs existants plus tard dans l'année, a été perçue comme une contrainte supplémentaire. Ce qui a donc provoqué un tollé.
Un autre problème est l'insistance de Mozilla sur le fait que si Firefox reste un logiciel libre et open source, ces conditions ne s'appliquent qu'à la version officielle compilée. Cette approche crée sans doute une distinction entre le code source brut et le navigateur Web réel que la plupart des gens utilisent. Si Firefox est vraiment ouvert, pourquoi imposer des restrictions légales de type corporatif sur la façon dont les utilisateurs interagissent avec le logiciel ?
Les plans controversés de Mozilla en matière d'IA et de publicités
En février 2024, le président de Mozilla Corporation, Mark Surman, a dévoilé un plan stratégique visant à relever les défis auxquels l'entreprise est confrontée. Il a annoncé que Mozilla va investir dans la publicité axée sur la vie privée, déployer des systèmes d'IA open source et lancer des efforts créatifs de collecte de fonds. Mais l'arrivée de la publicité et de l'IA fait craindre le pistage, la collecte massive de données u et de potentielles violations de données.
« L'impact et la survie de Mozilla dépendent de notre capacité à renforcer Firefox, à trouver de nouvelles sources de revenus et à renouveler notre mission », a expliqué Mark Surman, président de Mozilla Corporation, dans un billet de blogue sur le site Web officiel de Mozilla. Pour ce faire, Mozilla prévoit de diversifier ses efforts. Et la publicité est premier plan des options que la société envisage d'explorer, bien que cette initiative est vivement controversée.
Les analystes estiment la taille du marché de la publicité en ligne à 258 milliards de dollars en 2024 et elle devrait atteindre plus de 430 milliards de dollars d'ici à 2029, avec une croissance de plus de 10 % au cours de la période de prévision (2024-2029). Mozilla veut profiter pleinement de ce marché à forte croissance pour améliorer sa situation financière. L'année dernière, Mozilla a racheté Anonym, une startup spécialisée dans la mesure de la publicité.
Selon Mozilla, Anonym n'accède à aucune donnée concernant l'utilisateur, pas plus que les annonceurs ou les éditeurs qui utilisent la technologie de l'entreprise. Mozilla affirme que les données analytiques sont également rendues anonymes et un « logiciel spécial », appelé algorithme de confidentialité différentielle, ajoute ce que l'entreprise décrit comme du « bruit » aux données, ce qui empêche les clients de remonter jusqu'aux utilisateurs individuels.
Toutefois, de nombreux critiques, notamment les utilisateurs de Firefox, le produit phare de Mozilla, se demandent ce que cette nouvelle signifie et s'inquiètent des dérives que ce rachat pourrait entraîner. Pour beaucoup, ce n'est pas la voie à suivre, car cela risque d'accélérer la descente aux enfers de Firefox.
Conclusion
Firefox traverse une période critique. Sa part de marché continue de décliner, malgré son rôle historique dans la promotion d'un Web ouvert, sécurisé et respectueux de la vie privée. Face à la domination écrasante de Chrome et à la montée d'alternatives comme Brave ou Edge, il peine à conserver sa base d'utilisateurs. Mozilla, qui développe Firefox, dépend fortement de Google pour ses revenus, ce qui met davantage en péril l'avenir du navigateur.
Sans évolution stratégique claire ni regain d'intérêt du public, Firefox risque de s'effacer peu à peu, laissant le Web aux mains d'acteurs toujours plus centralisés. Toutefois, la direction de Mozilla ne semble pas savoir le chemin à emprunter. Et les dirigeants successifs multiplient les erreurs stratégiques.
Mozilla Firefox et Safari d'Apple sont deux des rares navigateurs qui ne sont pas aujourd'hui des clones de Google Chrome. La plupart des concurrents de Firefox, y compris Microsoft Edge, sont tous basés sur le projet Chromium de Google Chrome. Les utilisateurs craignent la disparition de Firefox. Certains critiques affirmaient que la transition de Chrome vers le Manifest V3 était l'occasion pour Firefox de s'illustrer à nouveau, mais cela ne s'est pas produit.
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