La communauté des développeurs Web est en effervescence depuis l'annonce du retrait officiel de XSLT. Pour mémoire, XSLT (Extensible Stylesheet Language Transformations) est une technologie fondamentale depuis la fin des années 1990. Il permet notamment de transformer un document XML dans un autre format, tel PDF ou encore HTML pour être affiché comme une page Web. Les projets Firefox et WebKit prévoient aussi de supprimer XSLT de leurs moteurs de navigateur. Cette annonce marque la fin symbolique d'une époque où le développement Web basé sur XML dominait les systèmes d'entreprise. Mais la communauté se dit profondément inquiète.Qu'est-ce que XSLT (Extensible Stylesheet Language Transformations) ?
Lancé en 1998, XSLT est un langage conçu initialement pour transformer des documents XML en d'autres documents XML ou en d'autres formats tels que HTML pour les pages Web, texte brut ou XSL Formatting Objects. Ces formats peuvent ensuite être convertis en d'autres formats tels que PDF, PostScript et PNG. La prise en charge de la transformation JSON et du texte brut a été ajoutée dans les mises à jour ultérieures de la spécification XSLT 1.0.
Les implémentations XSLT 3.0 prennent en charge Java, .NET, C/C++, Python, PHP et NodeJS. Une bibliothèque JavaScript XSLT 3.0 peut également être hébergée dans le navigateur Web. Les navigateurs Web modernes (Chrome, Firefox, etc.) incluent également une prise en charge native de XSLT 1.0.
La transformation de document XSLT spécifie comment transformer un document XML en un nouveau document (XML, HTML, texte brut, et d'autres formats). En règle générale, les documents d'entrée sont des fichiers XML, mais tout ce à partir de quoi le processeur peut construire un modèle de données XQuery et XPath peut également être utilisé, notamment les tables de bases de données relationnelles ou les systèmes d'information géographique.
Bien que le langage XSLT ait été initialement conçu comme un langage spécialisé pour la transformation XML, il est Turing-complet, ce qui le rend théoriquement capable d'effectuer des calculs arbitraires. Toutefois, les navigateurs Web populaires se dirigent vers l'abandon du support de XSLT. Les raisons évoquées sont l'amélioration de la sécurité, mais de nombreux développeurs et sites craignent que cela casse des contenus anciens ou spécialisés.
Les arguments de Google pour le retrait du support de XSTL
Le 24 octobre 2025, Google a annoncé son intention de déprécier et de supprimer XSLT du projet Chromium et du navigateur Web Chrome. Google mettra fin à XSLT d'ici 2027. « Chromium a officiellement abandonné XSLT, y compris l'API JavaScript XSLTProcessor et l'instruction de traitement des feuilles de style XML. Nous avons l'intention de supprimer la prise en charge à partir de la version 155 (17 novembre 2026) », indique l'annonce de Google.
Chromium prend en charge XSLT v1.0, comme la plupart des navigateurs Web modernes. Cependant, Google explique que cette version de XSTL est très peu utilisée, présente des vulnérabilités dans ses bibliothèques (notamment libxslt) et représente un coût de maintenance pour peu de bénéfice. Selon Google, Chromium utilise la bibliothèque libxslt pour traiter ces transformations, et celle-ci n'a pas été maintenue pendant environ six mois en 2025.
Le WHATWG a été fondé en 2004 par des ingénieurs de Mozilla, Opera et Apple. Le calendrier proposé pour Chromium est le suivant : dépréciation dans M143, suppression dans M155 (sauf pour les utilisateurs d'Origin Trial et d'Enterprise Policy) et arrêt d'Origin Trial et d'Enterprise Policy dans M164.
Des développeurs sont contre le retrait du support de XSTL
Certains développeurs et sites Web estiment que, même si l’usage est faible, XSLT remplit encore des fonctions utiles (transformation côté client de XML, applications héritées) et craignent que sa suppression ne casse des contenus anciens ou spécialisés. XSLT permet de transformer facilement des documents XML sans avoir recours à du code JavaScript ou à des traitements côté serveur, ce qui en fait un outil léger pour des usages spécifiques.
De nombreux systèmes hérités, notamment dans les administrations, les éditeurs de logiciels métiers ou certains flux de données comme les RSS, s’appuient encore sur XSLT pour formater ou afficher des informations. Ils sont menacés par cette décision. Les critiques affirment que l'approche de Google va à l'encontre du principe fondamental de rétrocompatibilité du Web, qui permet à des pages vieilles de 30 ans de fonctionner encore aujourd'hui.
Impact sur les systèmes hérités et flux RSS
Cette suppression affecterait particulièrement les éditeurs de flux RSS et les sociétés d'hébergement de podcasts qui utilisent XSLT pour créer des versions attrayantes et lisibles de leurs flux. Bon nombre de ces systèmes sont intégrés à des appareils matériels ou à des services hérités qui ne peuvent pas être facilement mis à jour. Supprimer XSTL des navigateurs risque donc de rendre ces contenus illisibles sans solution de remplacement simple.
Ce changement obligerait les créateurs de contenu à maintenir des versions HTML distinctes de leurs flux ou à accepter que les utilisateurs voient le XML brut lorsqu'ils visitent directement les URL des flux. Une telle situation risque de ruiner l'expérience des utilisateurs et impacter négativement les créateurs.
« Il est incompréhensible que lorsque vous ouvrez la solution Web ouverte pour vous abonner à du contenu Web (RSS), vous soyez accueilli par un mur de texte non formaté. À l'heure actuelle, XSLT est la seule solution, bien que médiocre, à cette incapacité fondamentale du navigateur », a écrit un critique.
Google accusé de tuer les technologies
Certains détracteurs dénoncent la manière dont la décision a été prise : ils reprochent à Google et au projet Chromium de réduire la diversité technologique du Web en privilégiant uniquement les outils les plus récents ou les plus utilisés, au détriment de standards encore fonctionnels. Pour eux, cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large où des acteurs dominants décident unilatéralement de « ce qui mérite » de rester dans la pile Web.
Google a tenté pour la première fois de mettre fin à XSLT en juillet 2013, il y a douze ans. Mais cela n'avait pas eu lieu. « À ce jour, Google a supprimé près de 300 technologies. XSLT rejoindra bientôt le cimetière Google. Le 13 mars 2013, Google annonce la suppression de Google Reader. Cette date n'est qu'à quelques semaines de leur première tentative de suppression de XSLT », a écrit le mouvement XSLT.RIP qui dénonce l'initiative de Google.
Le site Killed By Google offre une vue d'ensemble des technologies mises au rebut par Google au cours depuis le début des années 2000. Il est important de souligner que les projets Firefox et WebKit ont également indiqué qu'ils prévoient de supprimer le support de XSLT de leurs moteurs de navigateur.
Sur son site Web, le mouvement XSLT.RIP a exprimé les raisons de son opposition à cette décision. « Pourquoi Google déteste-t-il le XML ? Le RSS est utilisé pour diffuser des actualités et, en le supprimant, Google peut contrôler les médias. XSLT est utilisé dans le monde entier par des sites gouvernementaux. Google tente désormais de contrôler la législation. Une fois ces technologies supprimées, qu'est-ce qui empêchera Google d'aller plus loin ? ».
« Mozilla souhaite détruire le contenu Web existant en supprimant XSLT. Apple souhaite participer plus tôt avant la date prévue par Google en 2027. Combien Google a-t-il payé pour ce soutien ? Google verse jusqu'à 420 millions de dollars par an à Mozilla et Apple a reçu 20 milliards de dollars en un an seulement ». Le mouvement estime que Google a versé à Mozilla et Apple plus de 244,2 milliards de dollars au cours de la dernière décennie.
Les solutions alternatives qui s'offrent aux développeurs
XSTL est un outil léger et efficace pour des usages spécifiques, mais en voie de disparition. Google a développé un Polyfill basé sur WebAssembly comme remplacement potentiel, mais sa taille de 46 mégaoctets a suscité des critiques de la part des développeurs préoccupés par son impact sur les performances. WebKit a exprimé son soutien prudent à la suppression, mais attendra qu'un autre navigateur mette en œuvre le changement en premier.
Cependant, la communauté a suggéré d'autres approches, telles que l'intégration directe du Polyfill dans les navigateurs ou la mise à jour vers des implémentations XSLT sécurisées en mémoire écrites dans des langages tels que Rust. Pour le moment, Google ne semble pas ouvert à ses propositions.
Alternatives proposées
- Polyfill WebAssembly (taille 46 Mo) ;
- implémentations sécurisées en Rust ;
- traitement XSLT côté serveur ;
- publication HTML directe au lieu de transformation XML.
Ce débat reflète les tensions entre les fournisseurs de navigateurs qui cherchent à réduire les charges de maintenance et les développeurs qui accordent de l'importance à la stabilité du Web. Google présente cette mesure comme une mesure de sécurité nécessaire, mais ses détracteurs y voient la tendance des principaux fournisseurs de navigateurs à privilégier leur propre confort au détriment des besoins des utilisateurs et de la compatibilité Web.
Ce que pensent certains membres de la communauté DevOps
Si beaucoup s'opposent à la suppression de XSTL des navigateurs Web modernes, ce n'est pas le cas de certains membres de la communauté Linux. Pour les développeurs Linux et ingénieurs DevOps, la fin de vie de XSLT est à la fois un soulagement et une prise de conscience. « Beaucoup d'entre nous ont des cicatrices de guerre dues à la maintenance des feuilles de style...
La fin de cet article est réservée aux abonnés. Soutenez le Club Developpez.com en prenant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.