Alors que les fondateurs du Web3 estiment que les plateformes et les applications construites sur cette technologie ne seront pas détenues par un gardien central, mais par les utilisateurs, qui gagneront leur part de propriété en contribuant au développement et à la maintenance de ces services, Neel Chauhan, Ingénieur Génie logiciel chez Microsoft, soutien que le Web3 est en fait centralisé, tout comme Web2 l'était. Selon lui, le Web3 est juste une version pire de Web2.
Selon les fondateurs du web3 et certains de ses partisans, le Web3 est une technologie internet radicalement actualisée, qui va débloquer une nouvelle ère de coopération et de créativité humaines. Il s'agira de prendre le Web2 actuel et d'y ajouter des blockchains. Cependant, pour Ewan Kirk, entrepreneur en technologie et fondateur de Cantab Capital Partners, il ne faut surtout pas croire au battage médiatique autour du Web3 « il ne va pas changer le monde. Le Web3 n'est qu'une nouvelle version de la technologie blockchain dont nous discutons depuis dix ans. »
Rappelons que le terme Web3 a été inventé en 2014 par Gavin Wood, un informaticien anglais. À l'époque, il venait de participer au développement de l'Ethereum, la blockchain qui sous-tend l'ether, la deuxième cryptomonnaie la plus populaire après le bitcoin en matière de notoriété et de taille de marché.
Si pour Neel Chauhan, le Web3 est juste une version pire de Web2, Wood pense que la conception actuelle du We2 n'est pas une bonne solution. Selon lui, il faudrait passer au web3 pour plusieurs raisons : « l'une d'elles est qu'il est très difficile de réglementer les nouvelles industries. Le gouvernement est lent, il lui faut un certain temps pour rattraper son retard. Une autre est que les régulateurs sont imparfaits », avait-il déclaré.
« Le Web3 est une façon de gérer le traumatisme de la perte d'un grand avenir possible pour l'Internet », déclare Niels Ten Oever de l'université d'Amsterdam. Beaucoup sont convaincus des potentiels de ce Web3.
Selon Wood et ses partisans, dans le Web3, les développeurs ne construisent et ne déploient généralement pas d'applications qui s'exécutent sur un seul serveur ou qui stockent leurs données dans une seule base de données (généralement hébergée et gérée par un seul fournisseur de cloud). Au lieu de cela, les applications Web3 s'exécutent soit sur des blockchains, soit sur des réseaux décentralisés de nombreux serveurs, soit sur une combinaison des deux qui forme un protocole « cryptoéconomique ». Ces applications sont souvent appelées « dapps » (decentralized apps ou applications décentralisées). Ce terme est très utilisé dans l'espace Web3.
Pour obtenir un réseau décentralisé stable et sécurisé, les participants au réseau (les développeurs) sont incités et se font concurrence pour fournir des services de la plus haute qualité à toute personne utilisant le service. Ainsi, lorsque les gens parlent du Web3, vous remarquez que les cryptomonnaies font souvent partie de la conversation. Cela s'explique par le fait que les cryptomonnaies jouent un rôle important dans nombre de ces protocoles. Elles fournissent une incitation financière (jetons) à quiconque souhaite participer à la création, à la gouvernance, à la contribution ou à l'amélioration de l'un des projets eux-mêmes.
Selon Kirk, le battage médiatique autour de Web3 n'est qu'un rappel supplémentaire de la mémoire à court terme de l'industrie technologique. « Pour quelqu'un qui a extrait des bitcoins depuis 2012, il est clair que Web3 n'est qu'une nouvelle version de la technologie blockchain dont nous discutons depuis dix ans », a-t-il déclaré. « Les adeptes de Web3 veulent ajouter une couche de blockchain à notre infrastructure Internet et décentraliser radicalement le réseau, du moins c'est ce qu'ils prétendent. »
Au lieu que les services et les données en ligne soient fournis à partir de serveurs centralisés appartenant à des sociétés comme Amazon, Google et Facebook, ils seront fournis à partir de la blockchain, hors du contrôle d'une seule organisation ou personne.
« Beaucoup de plateformes Web3 sont en fait centralisées. Votre portefeuille (MetaMask), les places de marché (OpenSea), les API (Alchemy) sont toutes des plateformes centralisées. Bien sûr, elles utilisent une base de données distribuée (blockchain), mais avant cela, c'est toujours une application Go sur AWS, ce qui signifie qu'elle est centralisée », soutient Neel Chauhan.
« Regardez l'email, bien que le protocole soit techniquement "décentralisé", mais regardez la taille de Google Workspace et de Microsoft 365. Bien sûr, vous pouvez facilement configurer un serveur de messagerie sur un VPS à 5 dollars, je le fais avec mon domaine, mais la plupart des gens s'en remettent aux grands fournisseurs. Web3 n'est pas différent », ajoute-t-il. Pour illustrer sa thèse, Neel Chauhan présente le cas de la société Andreessen Horowitz comme exemple. « Regardez la société de capital-risque Andreessen Horowitz, elle a tout intérêt à pousser Web3 vers des plateformes monopolistiques centralisées, pour qu'il devienne ce qu'il était censé "perturber". »
Selon Chauhan, les sociétés de capital-risque sont construites pour construire des monopoles, et les monopoles veulent un contrôle central. Quelque chose comme Tor ou Folding@Home est quelque peu décentralisé, puisque c'est une organisation à but non lucratif qui contrôle et que ni Tor ni Stanford ne sont des entreprises à but lucratif. Mais la plupart des entreprises Web3 sont des entreprises à but lucratif, ainsi que les sociétés de capital-risque qui les soutiennent. Ils préféreraient avoir un grand monopole plutôt qu'un marché vraiment concurrentiel, et simplement changer l'opérateur du monopole à chaque génération.
« Si vous prenez la nature décentralisée de I2P ou DHT, combinée avec la technologie de calcul distribué des solutions modernes de Big Data comme Apache Spark*, vous pourriez obtenir quelque chose de bien plus efficace que la blockchain », déclare Chauhan. Mais si tout le monde est dans le train de la blockchain, alors la réponse la plus crédible à la décentralisation est la pire. C'est aussi triste de voir mon père faire l'apologie de Web3 dans son LinkedIn.
« Et ce n'est pas comme si ces plateformes décentralisées allaient gérer leurs propres serveurs dans un centre de colocation, ils veulent toujours utiliser AWS. Ce qui signifie que Web3 est aussi centralisé, sinon plus, que Web2 ne l'a jamais été. Vous pouvez facilement faire fonctionner Nextcloud depuis votre vieux PC au lieu de vous abonner à Dropbox, mais vous ne pouvez pas facilement héberger une "dApp" sur votre MacBook au lieu de la blockchain publique. Et si Web3 est "décentralisé", alors pourquoi OpenSea peut vous enlever vos NFT ? »
Source : Neel Chauhan's blog
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Le , par Bruno
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