Cette déclaration fait écho à celle que Zuckerberg a faite devant le Congrès en janvier lors d'une audition sur la sécurité des enfants, au cours de laquelle il a affirmé que les recherches existantes n'ont pas montré de lien de cause à effet entre les médias sociaux et la mauvaise santé mentale des adolescents.
Une sortie qui fait pourtant suite à des cas de suicide d’adolescents happés par une dépendance extrême aux réseaux sociaux
Tammy Rodriguez a poursuivi Snap et Meta au motif de ce que le réseau social Snapchat de Snap et le site de photos Instagram de Meta ont contribué à la mort par suicide de sa fille de 11 ans. L'action en justice a fait l'objet de dépôt devant le tribunal du district nord de la Californie à San Francisco. Elle alléguait que Selena Rodriguez souffrait de dépression, de privation de sommeil, de troubles alimentaires et d'automutilation liés à son utilisation d'Instagram et de Snapchat. Elle ajoute que Selena a commencé à utiliser les médias sociaux environ deux ans avant sa mort par suicide en juillet 2021.
« C’est pendant cette période qu’elle a développé une dépendance extrême à Instagram et Snapchat. Elle a manqué l’école à plusieurs reprises en raison de son utilisation des médias sociaux et a été invitée à envoyer du contenu sexuellement explicite par des utilisateurs masculins sur les deux plateformes », précise la plainte. Elle indique que Tammy a tenté à plusieurs reprises d'obtenir un traitement de santé mentale pour sa fille et qu'un thérapeute a déclaré qu'il n'avait « jamais vu un patient aussi dépendant des médias sociaux que Selena. » À un moment donné, la petite a été hospitalisée pour des soins psychiatriques d'urgence, selon la plainte.
Le dépôt de la plainte faisait suite à la publication d’une étude de l’Education Policy Institute selon laquelle le bien-être et l'estime de soi sont similaires chez tous les enfants en âge d'aller à l'école primaire. Cependant, leur santé mentale commence à baisser à l'âge de 14 ans, après quoi les filles connaissent un déclin encore plus marqué. Le rapport ajoute qu'une fille sur trois est mécontente de son apparence physique à l'âge de 14 ans et qu’une fille sur 7 est dans la même situation pendant le cursus primaire. Néanmoins, l’étude révèle que ces atteintes à la santé mentale ne sont pas à mettre au seul actif des réseaux sociaux. L’absence d’exercice physique est à prendre en compte.
Ces plateformes seraient même conçues pour tirer avantage des faiblesses humaines comme le révèle un ex responsable de Facebook
Dans une interview accordée au média Axios lors du National Constitution Center de Philadelphie qui s’est tenue le 8 novembre dernier, Sean Parker a partagé son point de vue sur les dangers potentiels liés à l’usage des réseaux sociaux. Rappelons que Sean Parker est président fondateur de l’Institut Parker d’immunothérapie contre le cancer et le cofondateur de Napster, un magasin de musique en ligne. Il a également occupé le poste de président fondateur chez Facebook et même si, officiellement, il ne travaille plus pour cette entreprise d’Internet, il possède toujours des parts dans cette société technologique américaine.
Sean Parker estime que, de manière globale, les réseaux sociaux devraient être considérés comme un système pervers qui exploite les vulnérabilités psychologiques de l’être humain. Ce système aurait été délibérément conçu afin d’emprisonner l’esprit de ses utilisateurs et d’assurer le succès rapide du service dont il fait la promotion. Ses déclarations viennent relancer la controverse sur les dangers liés à l’exploitation des vulnérabilités humaines à laquelle se livreraient les entreprises technologiques, notamment celles de réseaux sociaux comme Instagram, Facebook, Twitter, Tumblr, SnapChat ou encore WhatsApp.
D’après Sean Parker, ces entreprises vendent de l’illusion aux consommateurs en leur proposant un produit qui agit lentement mais surement comme une drogue sur l’organisme avec des retentissements non négligeables sur l’appareil psychologique de ses utilisateurs. « Elles font croire au consommateur qu’il est libre de choisir », alors qu’en réalité « le processus de réflexion qui a mené à la création de ces applications, Facebook en tête de liste, devait permettre de répondre à cette question simple : comment consommer au maximum votre temps et vos capacités d’attention », a-t-il regretté.
Pour emprisonner l’esprit des utilisateurs avec le consentement, volontaire ou non, de ces derniers dans le système qu’elles ont mis en place, ces entreprises se sont inspirées de la biologie humaine. Leurs applications s’évertuent à reproduire ou à susciter chez l’utilisateur un processus chimique naturel qui siège au niveau de l’encéphale de chaque être humain : les mécanismes de récompense et la sensation de plaisir qui s’y associe. Ce processus chimique naturel permet notamment d’installer durablement l’accoutumance.
Pour ce faire, « au moment où quelqu’un va aimer ou commenter une publication ou une photo, l’usage de ces applis va provoquer de petite décharge de dopamine (la molécule du plaisir) de façon suffisamment régulière pour entretenir durablement le mécanisme de récompense. Cela va vous pousser à contribuer davantage pour recevoir toujours plus de commentaires et de likes [votre nouvelle source de plaisir] », a confié Parker en précisant qu’il pense lui-même à ce genre de méthode en tant que hacker.
« C’est une boucle de rétroaction basée sur la validation sociale » et « Dieu seul sait ce que cela provoque chez nos enfants », ajoutera-t-il. Pourtant, comme lui-même le fera remarquer plus tard, les inventeurs de ce système sont des personnes comme « lui, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom et bien d’autres ».
À l’heure où le combat contre l’addiction au numérique apparait comme un sujet de plus en plus discuté, de nombreuses figures de l’industrie du numérique s’accordent désormais à dire, qu’à l’origine, les technologies qui s’y rapportent ont été développées dans le but de flatter les instincts basiques de l’homme. Il est difficile de prédire l’ampleur et l’impact de « ce phénomène de mode » qui pourrait s’apparenter à « une forme déguisée d’asservissement » dans l’histoire de l’humanité.
Un rapport de l’OMS tire la sonnette d'alarme sur l'impact majeur des troubles mentaux chez les adolescents
Dans un rapport récent, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d'alarme sur l'impact majeur des troubles mentaux chez les adolescents, soulignant leur prévalence à l'échelle mondiale. Les chiffres choquants révèlent qu'un adolescent sur sept, soit 13 % de la tranche d'âge de 10 à 19 ans, est touché par des troubles mentaux tels que la dépression, l'anxiété, et les troubles du comportement. Ces problèmes représentent une charge de morbidité significative, tandis que le suicide se classe désormais comme la quatrième cause de décès chez les 15-29 ans.
L'adolescence, une période cruciale mais vulnérable, est exposée à des défis physiques, émotionnels et sociaux, accentués par l'influence des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram et TikTok. Face à cela, la prévention de l'adversité, la promotion de l'apprentissage socio-émotionnel, et l'accès aux soins de santé mentale sont cruciaux pour le bien-être des adolescents immergés dans la culture numérique.
Les déterminants de la santé mentale à l'adolescence incluent des facteurs tels que l'exposition à l'adversité, la pression sociale, et désormais, l'influence des médias sociaux. Certains groupes d'adolescents, en particulier ceux vivant dans des contextes humanitaires difficiles, se trouvent plus exposés en raison de discriminations ou d'un accès limité au soutien. Les troubles spécifiques, tels que les troubles émotionnels, anxieux, dépressifs, du comportement, de l'alimentation, de la psychose, le suicide et l'automutilation, émergent comme des préoccupations majeures exacerbées par l'omniprésence des plateformes numériques.
Les comportements à risque, amplifiés par les réseaux sociaux, tels que la consommation de substances, le tabac, le cannabis et la violence, sont monnaie courante à l'adolescence et peuvent avoir des conséquences graves. Les stratégies de promotion et de prévention se doivent d'adapter leurs approches pour renforcer la régulation émotionnelle face aux défis posés par la vie numérique, tout en promouvant des alternatives positives et en développant la résilience.
La détection et le traitement précoces, en tenant compte des influences des réseaux sociaux, sont soulignés comme essentiels pour répondre aux besoins des adolescents souffrant de troubles mentaux. Éviter l'institutionnalisation et respecter les droits des adolescents dans cet environnement numérique complexe sont des impératifs.
En réponse à ces défis, l'OMS a mis en place des initiatives telles que Helping Adolescents Thrive (HAT), qui cible spécifiquement la promotion de la santé mentale, la prévention des troubles mentaux, de l'automutilation et d'autres comportements à risque amplifiés par les interactions en ligne. L'utilisation de modules et de guides d'intervention adaptés aux réalités des réseaux sociaux fait partie intégrante des efforts de l'OMS pour faire face à ces enjeux mondiaux de santé mentale chez les jeunes immergés dans l'ère numérique.
L'analyse des réseaux sociaux comme étant à la fois l'avenir et une source de préoccupations complexes dans la vie des adolescents est pertinente. L'identification des avantages et des inconvénients de ces plateformes est cruciale pour une compréhension nuancée de leur impact. La reconnaissance des réseaux sociaux en tant que source d'information et de socialisation est incontestable et alignée sur la perception souvent positive des jeunes à leur égard.
L'association entre une utilisation intensive des réseaux sociaux et des problèmes de santé mentale, en particulier chez les adolescentes, est un point crucial soulevé dans le texte. Cette corrélation met en lumière une réalité préoccupante qui a suscité une inquiétude légitime chez divers acteurs, des enseignants aux scientifiques, et a même incité à des actions judiciaires contre des géants technologiques tels que Meta. Ces préoccupations sont étayées par des études qui soulignent une corrélation positive, mettant en évidence la nécessité d'examiner de près l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents.
Source : Entretien
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Voir aussi :
La réduction de l'utilisation des médias sociaux à une demi-heure diminue les problêmes de santé mentale chez les jeunes adultes, selon une étude de l'université de l'Iowa
50 % des adolescentes se sentent dépendantes de TikTok, et plus particulièrement celles qui présentent des symptômes de dépression, selon les résultats alarmants d'une nouvelle étude
Les adolescents accros à TikTok souffrent d'une dépression et d'une anxiété accrues, ce qui réduit leur capacité de mémoire de travail, les garçons étant plus affectés que les filles, selon une étude