Avec sa participation de 13 % dans Meta, la valeur nette de Zuckerberg a augmenté de 78 milliards de dollars depuis le début de l'année, ce qui est plus que n'importe quel membre des 500 personnes les plus riches suivies par l'indice Bloomberg.
Mark Zuckerberg a accompli beaucoup de choses au cours de sa longue carrière dans l'industrie technologique, mais jeudi, le PDG de Meta a réalisé une autre première : il s'est hissé à la deuxième place des personnes les plus riches du monde, ayant dépassé Jeff Bezos après que sa valeur nette totale a atteint 206 milliards de dollars.
Les défis de Meta
En 2022, les choses ne s'annonçaient pas très bien pour Meta, qui a connu un ralentissement après la période d'essor de la pandémie. Les actions de la société ont chuté d'un montant supérieur à 500 milliards de dollars : Meta, qui était autrefois la sixième plus grande entreprise mondiale en matière de capitalisation boursière, ne figurait même plus parmi les dix premières du classement.
La situation a coïncidé avec la publication d'un rapport trimestriel lamentable qui montrait que, pour la première fois depuis sa création il y a 17 ans, Facebook avait enregistré une baisse de sa base d'utilisateurs quotidienne moyenne.
La chute massive de l'action, qui a instantanément effacé environ 200 milliards de dollars de valeur boursière (la plus forte baisse de valeur marchande d'une journée de toutes les actions de l'histoire des États-Unis, selon Dow Jones), a montré que le changement de marque de Facebook en Meta ne suffisait pas à détourner l'attention des investisseurs des problèmes de son activité principale, les réseaux sociaux. La société était confrontée à des défis sur plusieurs fronts, alors que son concurrent TikTok était en plein essor, que les régulateurs fédéraux et internationaux examinaient ses pratiques commerciales et qu'elle entamait une transition ambitieuse pour se concentrer sur le « métavers ».
L'impact d'une fonctionnalité anti-pistage sur iOS
Lors de la conférence WWDC 2020, Apple a annoncé qu’avec la sortie d’iOS 14, l’IDFA serait désormais une fonctionnalité exclusivement opt-in et que les utilisateurs devraient donner leur consentement explicite à la fois à l’annonceur et aux apps de destination pour les autoriser à « les suivre sur Internet ».
En 2022, lors d'un appel avec les investisseurs pour commenter les résultats trimestriels de l'entreprise et évoquer les projections, Sheryl Sandberg, la directrice de l'exploitation de la société, a déclaré :
« Tout d'abord, les publicités. Comme d'autres dans notre industrie, nous avons été confrontés à des vents contraires à la suite des changements iOS d'Apple. Comme nous l'avons décrit au dernier trimestre, Apple a créé deux défis pour les annonceurs. Le premier est que la précision du ciblage de nos annonces a diminué, ce qui a augmenté le coût des résultats. L'autre est que la mesure de ces résultats est devenue plus difficile ».
Les impacts des mesures de confidentialité d'Apple représenteraient des défis plus importants pour les activités de Facebook au cours du prochain trimestre, selon le directeur financier de Facebook, David Wehner. « Et nous pensons que l'impact global d'iOS en tant que vent contraire sur notre entreprise en 2022 est de l'ordre de 10 milliards de dollars, c'est donc un vent contraire assez important pour notre entreprise », a déclaré Wehner.
Les pertes colossales dans la construction du métavers
Durant l'édition 2021 de la Facebook Connect, l'entreprise a annoncé qu'elle s’appellerait désormais Meta. Comme Google l'avait fait auparavant en présentant Alphabet, Meta est la maison-mère de différentes entreprises dont Facebook, WhatsApp, Instagram, Messenger et Oculus. « Notre marque était trop liée à un seul de nos services et ne reflétait pas tout ce que nous faisons », a expliqué le PDG du groupe. « Ce nouveau nom marque notre nouvel objectif : aider à donner vie au métavers. »
Jusqu'à présent en tout cas, nous sommes toujours bien loin de voir la réalisation des ambitions de Mark Zuckerberg : Meta reste toujours une société qui tire l'essentiel de ses revenus de la publicité (et pas du métavers donc). De plus, le métavers est un véritable gouffre financier.
Reality Labs a généré 727 millions de dollars au quatrième trimestre 2022 et 2,16 milliards de dollars de revenus pour l'ensemble de 2022 (une baisse par rapport aux 2,27 milliards de dollars en 2021) y compris les ventes de casques Quest. En d'autres termes, la division a perdu plus de six fois le montant d'argent qu'elle a généré en revenus l'année d'avant, tout en représentant moins de 2% des ventes totales de Meta.
Dans son rapport aux investisseurs début 2023 sur ses résultats trimestriels, Meta a déclaré que sa division Reality Labs, qui abrite les technologies et les projets de réalité virtuelle de l'entreprise, a enregistré une perte d'exploitation de 4,28 milliards de dollars au quatrième trimestre, portant son total pour 2022 à 13,72 milliards de dollars.
La montée en puissance
Mais les actions de Meta sont montées en flèche depuis lors, passant de 90 dollars en novembre 2022 à 595,94 dollars aujourd'hui. Le prix a augmenté de plus de 64 % rien que depuis le début de l'année.
Cette hausse impressionnante a été alimentée par des résultats financiers meilleurs que prévu, avec une croissance des ventes de 22 % au deuxième trimestre, atteignant 39,07 milliards de dollars. Les investissements massifs de Meta dans l’intelligence artificielle ont considérablement amélioré les performances de sa plateforme publicitaire en ligne, contribuant ainsi à cette croissance.
Le succès de Meta a permis à Zuckerberg de porter sa fortune à 206 milliards de dollars (il détient une participation de 13 % dans l'entreprise), ce qui lui a permis de devancer Bezos de 1 milliard de dollars, bien que le patron de Meta soit encore à 50 milliards de dollars du leader Elon Musk.
Comme c'est malheureusement souvent le cas, le redressement de Meta a été provoqué par un « processus de rationalisation » : fin 2022, Zuckerberg a mis en place un important plan de réduction des coûts qui s'est prolongé l'année suivante et qui a finalement entraîné la perte de 21 000 emplois chez Meta, soit environ un quart de la main-d'œuvre de l'entreprise.
Les investisseurs ont réagi favorablement à la réduction des coûts de Meta, ce qui a permis à l'action de repartir dans la bonne direction tandis que l'activité de publicité en ligne de l'entreprise commençait à se redresser et était soutenue par les campagnes publicitaires numériques massives des détaillants chinois Temu et Shien.
Il faut dire que certains actionnaires de Meta commençaient à être exaspérés par les dépenses « incontrôlées » de Meta dans le métavers. Altimeter Capital Management, un fonds spéculatif qui détient une participation de 0,1 % dans Meta, a envoyé une lettre ouverte critique au PDG Mark Zuckerberg pour dénoncer l'expérience « terrifiante » de la société avec le métavers. La lettre demandait à Meta de rationaliser ses activités en supprimant 20 % de ses effectifs et en réduisant de 5 milliards de dollars les dépenses d'investissement annuelles et les investissements dans le métavers. Elle suggérait à Meta de consacrer ses efforts à la recherche et au développement de l'IA plutôt au métavers.
Brad Gerstner, fondateur et PDG d'Altimeter, a déclaré : « Comme beaucoup d'autres entreprises dans un monde à taux zéro - Meta a dérivé dans le pays de l'excès - trop de gens, trop d'idées, trop peu d'urgences ». Selon l'investisseur, au cours des quatre dernières années, le nombre d'employés de Meta a été multiplié par plus de trois, passant de 25 000 à 85 000. La suppression de 20 % du personnel ne ramènerait Meta qu'à des niveaux d'effectifs de mi-2021, une mesure qui, selon Altimeter, n'affecterait probablement pas les revenus de l'entreprise. Au contraire, Altimeter suggère qu'elle pourrait même aider Meta à « fonctionner encore mieux et plus efficacement sans les couches et la léthargie qui accompagnent ce taux extrême d'expansion des employés ».
Alors que Meta a continué à dépenser des milliards de dollars dans les technologies de réalité virtuelle et augmentée nécessaires pour étayer le concept futuriste du métavers, les investisseurs sont devenus plus tolérants à l'égard de ces investissements tant que l'activité publicitaire de base de l'entreprise reste saine.
La semaine dernière, Meta a présenté ses lunettes Orion AR, qui ont reçu des critiques positives de la part des quelques personnes qui ont testé le prototype.
Meta et les poursuites judiciaires
Meta accusé d'avoir procédé à une collecte massive et illégale de données en Europe
Des groupes de défense des consommateurs européens ont accusé Meta de mener une opération de collecte de données « massive » et « illégale » auprès de centaines de millions d’utilisateurs dans la région.
Meta a essayé à maintes reprises de justifier la surveillance commerciale massive à laquelle il soumet ses utilisateurs. Son choix injuste de "payer ou consentir" est le dernier effort de l'entreprise pour légaliser son modèle commercial. Mais l'offre de Meta aux consommateurs n'est que de la poudre aux yeux pour dissimuler ce qui est, au fond, la même vieille collecte de toutes sortes d'informations sensibles sur la vie des gens, qu'elle monétise ensuite par le biais de son modèle publicitaire invasif. Les modèles commerciaux fondés sur la surveillance posent toutes sortes de problèmes au regard du RGPD et il est temps que les autorités chargées de la protection des données mettent un terme au traitement déloyal des données par Meta et à la violation des droits fondamentaux des personnes.
Meta fait l'objet d'une action en justice selon laquelle l'entreprise applique un traitement sexiste à ses employés. Il s'agit notamment d'une pratique apparente consistant à embaucher et à promouvoir des hommes moins qualifiés à des postes au détriment de candidates plus qualifiées.
La plainte a été déposée devant un tribunal de district américain à New York par Jeffrey Smith, un ingénieur qui a rejoint Meta en 2018. Smith allègue que Meta était sur le point de le promouvoir lorsque soudainement sa trajectoire ascendante s'est arrêtée après qu'il a commencé à parler de pratiques de gestion prétendument misogynes chez Meta.
Smith affirme qu'au lieu d'une promotion, son manager chez Meta, Sacha Arnaud, lui a suggéré de démissionner peu de temps après lui avoir remis sa toute première évaluation de performance négative, ce qui a réduit le montant de son bonus et a eu un impact sur les actions de l'entreprise.
L'un des tournants importants de l’affaire se produit lorsque lorsqu'une employée extrêmement compétente de Meta a vu son rôle réduit lors d'une réorganisation de l'entreprise. Certaines de ses anciennes responsabilités ont été confiées à deux employés masculins, dont l'un avait beaucoup moins d'expérience que l'employée.
Meta va payer 1,4 milliard de dollars à l'État du Texas pour avoir utilisé la reconnaissance faciale sans l'autorisation des utilisateurs
Le procès de 2022, intenté par le procureur général du Texas, Ken Paxton, devant un tribunal d'État, alléguait que Meta avait utilisé un logiciel de reconnaissance faciale sur des photos téléchargées sur Facebook sans le consentement des Texans. Le bureau de Paxton a déclaré qu'il s'agissait de l'accord le plus important jamais obtenu par un seul État et le plus important en matière de protection de la vie privée jamais obtenu par un procureur général d'État. Le règlement sera étalé sur cinq ans.
Sources : cours de l'action de Meta, Index des milliardaires de Bloomberg
Et vous ?
Que pensez-vous des mesures de réduction des coûts mises en place par Mark Zuckerberg, notamment la suppression de milliers d’emplois ? Était-ce une décision nécessaire pour la survie de l’entreprise ?
Comment voyez-vous l’avenir de Meta avec ses investissements massifs dans l’intelligence artificielle et les technologies immersives ?
Pensez-vous que la montée en puissance de Meta est durable ou s’agit-il d’une bulle spéculative ?
Comment comparez-vous les stratégies de croissance de Meta et d’Amazon ? Laquelle vous semble la plus prometteuse à long terme ?
Selon vous, quelles sont les principales menaces auxquelles Meta pourrait être confrontée dans les années à venir ?
Comment percevez-vous l’évolution de la publicité en ligne avec les avancées technologiques de Meta ?