Des hackers allemands appellent à des « journées de l'indépendance numérique » afin de réduire l'emprise technologique américaine qui nuit à la démocratie, selon le Chaos Computer Club (CCC)Des groupes allemands de défense des droits numériques et des entreprises technologiques organiseront des « journées de l'indépendance numérique » à partir de 2026 pour encourager les utilisateurs à se détourner des plateformes numériques américaines, au motif que l'intégrité démocratique serait menacée. Cette initiative, annoncée par le Chaos Computer Club, vise à réduire l'« emprise » technologique américaine sur l'Europe au profit d'alternatives européennes, dans un contexte de préoccupations croissantes concernant la concentration du marché et les conflits réglementaires.
Cette mobilisation intervient alors que la puissance des géants technologiques américains est de plus en plus contestée sur le plan réglementaire. Fin 2024, le ministère américain de la Justice a conclu son procès antitrust contre Google, accusant le géant américain d'exercer un monopole illégal dans le domaine de la publicité en ligne. Dans sa plaidoirie finale, le ministère a déclaré que « Google avait truqué les règles du jeu » pour exercer un contrôle excessif sur le marché.
Parallèlement, l’Union européenne a exploré des pistes pour renforcer sa souveraineté numérique. Le projet EU OS vise à libérer le secteur public de l'UE de la dépendance à Windows en recourant à une distribution Linux américaine. Cette initiative fait suite à une pétition déposée au Parlement européen en faveur d'un système souverain. Le lancement d'alternatives similaires en Russie et en Chine laisse penser que l’UE devrait s’atteler à la tâche avec plus d’ardeur.
Plus récemment, des groupes allemands de défense des droits numériques et des entreprises technologiques commenceront à organiser des « journées de l'indépendance numérique » en 2026. Ces journées auront pour but d'aider les utilisateurs à se détourner des plateformes technologiques américaines, à partir de ce dimanche 4 janvier, a déclaré une importante organisation de hackers.
Annonçant cette initiative lors de sa conférence annuelle ce week-end, le Chaos Computer Club (CCC) a déclaré que le projet visait à desserrer ce qu'il qualifie d'« emprise » des entreprises technologiques américaines sur l'Europe, qui nuit à la démocratie.
Le CCC, connu pour ses positions fermes et souvent critiques sur la politique numérique, a établi un lien entre cette initiative et les tensions transatlantiques croissantes autour de la réglementation technologique.
Il a notamment souligné la récente amende de 120 millions d'euros infligée par la Commission européenne à X, la société d'Elon Musk, et l'interdiction de voyager aux États-Unis qui s'en est suivie pour plusieurs personnalités européennes, dont l'ancien commissaire au marché intérieur Thierry Breton.
« Il ne s'agit plus d'une seule plateforme, mais d'une question d'influence sur les débats publics, les processus démocratiques et l'État de droit européen », a écrit le CCC. Affirmant que les autorités publiques ont jusqu'à présent hésité à quitter X, le groupe a déclaré que les utilisateurs individuels devraient montrer l'exemple en abandonnant les services appartenant à des entreprises américaines.
Pour les aider dans cette démarche, une coalition composée de personnalités publiques, d'associations de défense des droits numériques et d'entreprises européennes organisera chaque mois des « journées de l'indépendance numérique ».
Les membres des sections locales du CCC dans toute l'Allemagne aideront les utilisateurs, par exemple, à passer du navigateur Chrome de Google à Firefox ou du réseau social X d'Elon Musk à Mastodon, un réseau social décentralisé géré par des Européens.
Mastodon, ainsi que le moteur de recherche allemand Ecosia et Nextcloud, fournisseur de services cloud et de suites bureautiques, participent eux-mêmes à l'organisation de cette campagne en faveur de l'« indépendance numérique ».
Le CCC n'a pas encore indiqué s'il prévoyait également d'organiser des événements en dehors de l'Allemagne.
Au-delà des appels à l’indépendance numérique, certaines collectivités allemandes ont déjà engagé des transitions concrètes vers des alternatives européennes et open source. Le Land du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne, constitue l’un des exemples les plus emblématiques de cette démarche.
Après avoir annoncé l’abandon de Microsoft Windows et Office au profit de Linux, LibreOffice et d’autres logiciels libres, l’État régional a affiché un premier bilan largement positif. Environ 80 % des 30 000 postes de travail de son administration ont déjà été migrés, générant près de 15 millions d’euros d’économies en frais de licences. Si l’opération est jusqu’ici considérée comme un succès sur le plan financier et organisationnel, elle n’a toutefois pas entraîné d’effet d’entraînement à grande échelle. Les tentatives similaires menées ailleurs se heurtent encore à des hésitations et à des retours vers Windows, ravivant les débats sur la maturité des solutions open source, la force de l’écosystème Microsoft et l’influence persistante de son lobbying.
Source : Annonce du Chaos Computer Club
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