
Qui ne s’appuie sur aucun code d'autres navigateurs et aucun moteur de recherche par défaut.
Le projet porté par le fondateur original de GitHub (Chris Wanstrath), le fondateur de SerenityOS et du navigateur web Ladybird (Andreas Kling) est piloté via une organisation à but non lucratif depuis la mi-parcours de l’année précédente. L’objectif : mettre sur pied un navigateur web open source indépendant, plutôt qu’un énième navigateur basé sur Chrome qui règne en maître dans la filière ou encore sur Firefox que l’on craint de voir devenir une régie publicitaire.
Alors que beaucoup sont d’avis que le développement d'un nouveau navigateur web à partir de zéro est un objectif impossible à atteindre, les fondateurs de l'initiative sont convaincus qu'ils peuvent y parvenir. Qui plus est, ils pensent pouvoir le faire sans avoir recours à des financements provenant d'entreprises ou de recettes publicitaires. L'un de leurs objectifs est de disposer d'une version alpha entièrement fonctionnelle du navigateur Ladybird en 2026.
« Aujourd'hui, tous les principaux moteurs de navigation sont open source, ce qui est formidable, mais il y a un problème : ils sont tous financés par l'empire publicitaire de Google. Chrome, Edge, Brave, Arc et Opera utilisent tous Chromium de Google. Apple reçoit des milliards pour faire de Google le moteur de recherche par défaut dans Safari, et Firefox bénéficie d'un accord similaire qui lui permet de recevoir des centaines de millions chaque année. Le monde a besoin d'un navigateur qui place les utilisateurs au premier plan, qui contribue aux normes ouvertes en utilisant un tout nouveau moteur, et qui est libre de l'influence de la publicité », écrivent les porteurs du projet.
« Contrairement aux modèles commerciaux traditionnels qui reposent sur la monétisation de l'utilisateur, Ladybird est entièrement financée par des parrainages et des dons d'entreprises et d'individus qui se soucient du web ouvert. Notre organisation à but non lucratif ne cherchera pas à conclure des accords avec des entreprises ou à obtenir des revenus en dehors des dons sans restriction. Le logiciel et son code source seront disponibles gratuitement et pour toujours », ajoutent-ils.
Cela signifie que l’équipe de Ladybird n’entend pas conclure d'accords avec des entreprises pour des moteurs de recherche par défaut. Elle n’envisage non plus se lancer dans des campagnes de marketing pour d'autres entreprises. Cela signifie que, s'il s'en tient à ses principes, Ladybird a de réelles chances de devenir un navigateur web véritablement indépendant... qu'aucune entreprise ne pourra contrôler.
En fait, l'initiative du navigateur Ladybird a même une politique qui interdit spécifiquement aux entreprises donatrices d'acheter des sièges au conseil d'administration : « Tous les parrainages se font sous la forme de dons sans restriction. Les sièges au conseil d'administration et les autres formes d'influence ne sont pas à vendre. »
Andreas Kling, porteur principal du projet, est revenu sur ce positionnement lors d’une récente conférence tenue en mars chez FUTO qui compte parmi ses sponsors.
Andreas Kling, the creator of the Ladybird Browser, gave a keynote talk at our Don't Be Evil Summit this past March. We recorded it so that you all can learn about the great work he's doing in the browser space. Watch the video to learn more about Ladybird! pic.twitter.com/u6lOrIHoLO
— FUTO (@FUTO_Tech) May 2, 2025
Ladybird est encore en pré-alpha. Le navigateur a passé le test Acid3 en 2022. Ce test évalue la conformité d'un navigateur aux normes web. Il vérifie la capacité du navigateur à interpréter correctement des standards tels que le DOM, JavaScript et les images PNG. Une sortie en alpha est prévue en 2026 sur Linux et macOS. L’équipe de développement annonce une entrée en production en 2028. D’ici là, les têtes derrière le projet devraient avoir bouclé avec le reste des problèmes de compatibilité et de conformité web, d’isolation des sites, de protection contre le traçage des utilisateurs et de performance auxquels elle fait encore face.
C’est l’avenir du web libre qui se joue avec des initiatives dans le genre de Ladybird
Depuis 2017, Google paie chaque année à Mozilla plus de 400 millions de dollars pour rester le moteur de recherche par défaut sur Firefox. Pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Mozilla a lancé plusieurs services payants : VPN, messagerie sécurisée, relais de navigation privé, etc. Ces initiatives ont été saluées dans la communauté de la cybersécurité, mais n’ont pas encore trouvé un modèle économique viable à grande échelle. Le problème est simple : faire payer des services là où des géants comme Google offrent « gratuitement » des produits bien plus intégrés. En d’autres termes, se défaire de la dépendance financière à Google n’est pas chose aisée.
Firefox se retrouve néanmoins en sursis bien qu'étant en partenariat avec Google. En effet, Le ministère américain de la justice veut empêcher Google de payer pour être le moteur de recherche par défaut de navigateurs tiers, dont Firefox, parmi une longue liste d'autres propositions, dont la vente forcée du navigateur Chrome de Google et l'obligation de syndiquer les résultats de recherche à ses rivaux. Un tribunal a déjà statué que Google détenait un monopole illégal dans le domaine de la recherche, en partie grâce à des accords d'exclusion qui en font le moteur par défaut sur les navigateurs et les téléphones, privant ainsi les rivaux d'espaces pour distribuer leurs moteurs de recherche et se développer.
C’est dire l’importance que revêtent des projets de navigateur open source comme Ladybird. En effet, c’est d’indépendance technologique dont il est question. Firefox reste l’un des rares navigateurs à ne pas être basé sur Chromium, le moteur open-source piloté par Google. Sa disparition renforcerait le monopole technique de ce dernier sur l’affichage du web, rendant plus difficile la concurrence en matière d’innovation, de standards et de protection des données.
Dans un monde où Chrome domine à plus de 65 %, et Safari protège surtout l’écosystème Apple, Firefox représente une voix alternative dans l’architecture même d’Internet. Si Mozilla tombe, c’est tout un équilibre de pouvoir dans l’ingénierie web qui vacille.
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