Des chercheurs ont fait le profilage psychologique et clinique des consommateurs de fake news. Voici le résultat de leurs études :
La prise de conscience de l'importance psychologique potentielle des fausses nouvelles s'est accrue au cours de la pandémie de coronavirus, mais son impact sur la psychopathologie et les différences individuelles reste flou. C'est pourquoi les auteurs ont étudié les profils psychologiques et psychopathologiques qui caractérisent la consommation de fausses nouvelles. Au total, 1452 volontaires issus de la population générale et sans antécédents psychiatriques ont participé à l'étude. Ils ont répondu à des tests d'évaluation de la psychopathologie clinique. Les répondants ont résolu un test de dépistage des fake news, ce qui leur a permis d'être affectés à une condition quasi-expérimentale : groupe 1 (non-consommateurs de fake news) ou groupe 2 (consommateurs de fake news).
Des analyses de comparaison des moyennes, d'inférence bayésienne et de régression multiple ont été appliquées. Les participants ayant une personnalité schizotypique, paranoïaque et histrionique étaient inefficaces pour détecter les fausses nouvelles. Ils étaient également plus susceptibles d'en subir les effets négatifs. Plus précisément, ils affichaient des niveaux d'anxiété plus élevés et commettaient davantage de biais cognitifs basés sur la suggestibilité et l'effet Barnum. Aucun effet significatif n'a été observé sur la symptomatologie psychotique ou les états d'humeur affectifs. En fonction de ces résultats, deux recommandations cliniques et thérapeutiques relatives à la réduction de l'effet Barnum et à la réinterprétation du sensationnalisme des médias numériques ont été formulées. L'impact des "fake news" et les moyens de prévention possibles sont discutés.
Conclusion
Les conclusions de cette recherche peuvent être résumées comme suit :
- Les données obtenues indiquent que les profils présentant des scores élevés de schizotypie, de paranoïa et d'histrionisme sont plus vulnérables aux effets négatifs des "fake news". Dans la pratique clinique, une prudence particulière est recommandée pour les patients qui présentent les caractéristiques symptomatiques de ces traits de personnalité.
- En psychiatrie et en psychologie clinique, il est proposé de lutter contre les fake news en réduisant ou en recodant l'effet Barnum, en réinterprétant le sensationnalisme dans les médias et en promouvant l'esprit critique chez les utilisateurs des réseaux sociaux. Ces suggestions peuvent être appliquées à partir de programmes d'intervention, mais peuvent également être mises en œuvre sous forme de programmes psychoéducatifs pour les utilisateurs massifs de réseaux sociaux.
- Les personnes qui ne parviennent pas à détecter efficacement les "fake news" ont tendance à présenter des niveaux d'anxiété plus élevés, qu'il s'agisse d'anxiété d'état ou d'anxiété de trait. Ces personnes sont également très influençables et ont tendance à rechercher des émotions fortes. Les profils de ce type peuvent avoir recours de manière inappropriée à la pensée intuitive, qui pourrait être le mécanisme psychologique à l'origine de la détection des fake news.
- La symptomatologie psychotique positive, les états d'humeur affectifs et la consommation de substances (risques de dépendance) n'ont pas été affectés par les "fake news". Dans le domaine de la psychose, il conviendrait d'analyser si les "fake news" influencent la symptomatologie psychotique négative.
- Les résultats de cette recherche ne sont pas expérimentaux, mais ils contribuent à la génération de nouvelles hypothèses et offrent des recommandations pratiques pour la clinique psychiatrique et/ou psychologique.
Source : Who falls for fake news? Psychological and clinical profiling evidence of fake news consumers
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